Centre François Mauriac de Malagar, Collège Jacques Prévert Bergerac
                                                   Projet pédagogique 2000-2001

François Mauriac
Histoire
""Une marche aux cotés de ceux qui sont dans la nuit"(Michel Suffran)

"Au soir de l'armistice, nous ne pensions pas qu'il pût rien nous arriver de pire, et il ne restait à chacun de nous que de veiller et prier avec notre peuple en agonie" (Le Figaro 15/7/1940)

Ligne de démarcation de juin 1940

Textes
 
Textes:
"Mémoires politiques"
Exercices:
Questions
Janvier 1937

         Ces Russes, ces Italiens, ces Allemands viennent vider dans sa maison saccagée une querelle qui ne la concerne pas, et son propre martyre lui demeure une énigme. Des deux côtés, les chefs ont trafiqué de son âme; des deux cités ils l'ont livrée à des loups qui font semblant de se manger entre eux... Au vrai, ils se dévorent par procuration. Ils jouent leur partie à des centaines de lieues de chez eux. Quel merveilleux champ de manoeuvres! Quel champ de tir inespéré . Ils essaient, sur le corps piétiné de l’Espagne, leurs tanks et leurs torpilles. Ils sont bien la descendants de ceux qui se servaient de leurs esclaves pour expérimenter des poisons. Il est de moins en moins question de la victime 
 

Mars 1938 
… 
  C'est aux Français qu'il faut adresser des discours. Ils ne savent pas encore que le même esprit qui triomphe en Autriche a triomphé déjà en Espagne, en Abyssinie et en Chine. Un grand nombre d'entre eux en sont encore à se  demander  ce qui se passe ces jours-ci en Espagne. L'effroyable synchronisme de l'entrée de Hitler à Vienne et de la victoire des aviations italo-allemandes sur la frontière catalane ne leur ouvre pas les yeux. L’anneau de feu se referme sur nous et samedi, le jour l’Anschluss, il s'en trouvait, devant l'Arc de Triomphe, saluaient à l'hitlérienne le drapeau de Verdun !

Juillet 38
Chers amis, Je voudrais finir sur une parole d'espérance et vous donner dans ces jours d’humiliation une raison de ne pas perdre cœur. C'est un art où excellent les chefs du nouveau Reich que de doser l'audace et la ruse. Mais peut-être le moment est-il proche, qui vient toujours pour l'Allemagne, quels que soient ses maîtres, où elle force la dose, car elle a irrémédiablement la main lourde. Les pays assassinés ne meurent pas sans un cri. L'Autriche bâillonnée se débat  déjà, nous le savons, les prisons et les camps de concentration regorgent. 

Septembre 1938
Aujourd'hui, lundi 26 septembre, l'irréparable n'est pas encore accompli et c'est là notre unique raison de ne pas perdre cœur. Puisque les dés ne sont pas jetés, nous espérons « désespérément ». 
Mais même si la menace s'éloigne une fois encore, l'approche seule du fléau immonde, vingt ans après la Grande Guerre, nous juge et nous condamne, nous, les survivants. En juillet dernier, j'ai fait faire à mon plus jeune fils le pèlerinage de Verdun. Vingt années n'ont presque rien changé... La terre y est encore  en agonie. Et déjà, il faudrait recommencer! Outre nos responsabilités particulières, il existe pour toute notre génération une responsabilité collective. Le néant ridicule dans lequel sombre la Société des Nations mesure la faillite de cette espérance dont les morts de Verdun nous avaient faits les héritiers. Mais à quoi bon parler, maintenant . Je demande pardon à ceux qui me lisent.  Si le signal de la tuerie était donné, je ne serais même pas bon à « remonter le moral » . Déjà écrire me paraît criminel.

1944
L'homme qui a osé condamner à l’anéantissement une race entière, déporter les peuples par masses, courber les plus nobles nations de l'Europe sous la dictature la plus vile qui ait jamais été au monde, celle de la Gestapo, cet homme ne négligera rien pour transformer l'écroulement de l'Allemagne en une sorte d'apothéose à rebours.
Plus exigeant que les grands chefs indiens, qui entraient dans la mort escortés d'un cortège d'épouses et d'esclaves, c'est suivi de tout son peuple exténué que ce damné a résolu de descendre aux enfers.

Novembre 1944
Le mercredi 23 août les Allemands occupent encore Paris. Le samedi 11 novembre, l'armée française est passée en revue sur les Champs-Élysées par le général de Gaulle, en présence de M. Winston Churchill et de M. Antony Eden. Ce même jour, la France est invitée à siéger comme membre égal et permanent à la Commission consultative européenne. Elle reprend son rang de grande puissance.
Il aura donc suffi de quatre-vingts jours au général de Gaulle pour accomplir ce prodigieux redressement. Après une saison en enfer de quatre années, ce pays couvert de mines et creusé de tombes retrouve, pour exprimer aux nations amies et alliées sa gratitude et sa confiance, ce langage de la grandeur dont bien avant le désastre de 1940 il avait déjà perdu l'usage.

Juin 1945

J’ai fait allusion, il y a quelques semaines, aux initiales de « Nacht und Nebel » - nuit et brume   qui, dans les camps de représailles, vouaient une catégorie de garçons à servir de cobayes pour les recherches scientifiques. Ces Allemands ne finiront jamais de nous surprendre. Ce n'est point tant leur cruauté qui étonne, bien qu'elle dépasse tonte mesure. Mais, enfin, la cruauté est la chose du monde la mieux partagée; tous les peuples ont leur manière d'être féroces, ici, on brûle avec plus d'art qu'ailleurs et là on lynche mieux que personne. Il existe des spécialités de supplices, un style particulier à chaque nation. Mais les Allemands l'emportent sur nous tous par la méthode appliquée au meurtre en série, et singulièrement à la destruction d'une race entière, par la recherche du rendement scientifique des supplices, par la rationalisation du crime.


 
 
 
 
 
 
 
 

1)Dans ce texte Mauriac fait allusion à un pays européen  où se sont déroulés des événements importants. De quoi s'agit-il précisément? Quelle est l'opinion de F.Mauriac à ce sujet?
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2)F.Mauriac parle ici de 3 pays envahis.Qui furent les envahisseurs?
3)Que signifie la phrase soulignée?

4)D'après ce texte, F.Mauriac pense-t-il que la guerre entre la France et l'Allemagne s'approche?
 

5)Quel événement international au cours de cette année là peut expliquer l'expression soulignée?
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

6)De quoi s'agit-il?
 

7)F.Mauriac pense-t-il encore, la guerre inévitable?

8)De quoi parle-t-il?
 

)La fin de la guerre en mai 1945 a-t-elle donnée raison à Mauriac?
 
 
 
 
 
 
 

10)Expliquez la phrase soulignée.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 


 


 

Réponses questionnaire:
 
1 Il s'agit de la guerre civile espagnole provoquée par l'insurrection militaire de Franco aidée par l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste contre les républicains espagnols. F.Mauriac s'est clairement prononcé contre Franco.(Retour questions)
2 Mauriac évoque les interventions militaires: Allemande en Espagne,  de l'Italie contre l'Abyssinie (Ethiopie) et du Japon contre la Chine.(Retour questions)
3 Les événements se déroulant en même temps, cela montre une volonté claire de domination de la part de Hitler.(Retour questions)
4"L’anneau de feu se referme sur nous" montre que Mauriac est sans illusion sur la suite. Des français paraissent souhaiter cette guerre: "il s'en trouvait, devant l'Arc de Triomphe, saluaient à l'hitlérienne le drapeau de Verdun !"(Retour questions)
5 Conférence de Munich où la France et le Royaume-Uni abandonnent la Tchécoslovaquie.(Retour questions)
6 A la fin de la première guerre, avait été créée la Société des Nations dont le but principal était de maintenir la paix entre les nations. Les événements de 1936-1939, montrent qu'elle a échoué dans cette mission.(Retour questions)
7 "l'irréparable n'est pas encore accompli et c'est là notre unique raison de ne pas perdre cœur" Mauriac ne fait guère preuve d'optimisme!(Retour questions)
8 Il s'agit de la "shoah", la volonté d'extermination mise en action dans les camps à l'occasion de la "solution finale" par les nazis.(Retour questions)
9 L'Allemagne est à la fin de la guerre ruinée, occupée militairement et dans une situation économique désastreuse.(Retour questions)
10 Le Général de Gaulle a fini par faire admettre la France parmi les vainqueurs malgré les réticences de certains alliés qui ne voyaient dans la France, que  l'image de la collaboration. (Retour questions)