La Caulerpa Taxifolia appartient à la famille des Caulerpes. Dix algues
tropicales dans le monde sont regroupées dans cette famille. La Taxifolia est
celle qui a les caractéristiques les plus troublantes. En effet ses qualités sont
totalement inconnues chez ses parentes de Méditerranée ou ses ancêtres des
Caraïbes et de Polynésie.
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En Méditerranée cette algue tropicale va développer des stolons (racines
traçantes d'où partent les feuilles) qui atteignent parfois 2 mètres alors que
dans leur milieux naturel les autres Caulerpes sont rares et très discrètes.
Ses tiges et ramifications à la taille époustouflante lui permettent de
recouvrir aisément ses concurrentes en en Méditerranée, à l'exception de la
haute Posidonie qui est l'algue traditionnelle des fonds Méditerranéens.
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Autre caractéristique paradoxale pour une algue tropicale, en hiver, en
Méditerranée la température peut descendre jusqu'à 10°C. La Caulerpa n'est
affectée en rien par ces températures basses qui ne l'empêchent pas de se
reproduire. Son excellent résistance au froid la met donc à l'abri des hivers
les plus rudes. On a même observé l'algue dans la lagune de Brusc vivant avec
une température de 5°C.
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On confère à la Taxifolia un talent unique, celui de s'incruster à peu près
partout. En effet on la trouve aussi bien sur la roche que dans la vase qui sont
ses deux supports préférés. Mais elle peut aussi vivre dans le sable, au creux
des cuvettes le long des pentes. Rien ne l'arrête.
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L'algue tueuse s'arrange pour arriver à se nourrir dans toutes les situations.
Quand tout va bien, elle s'alimente par photosynthèse (système d'échange qui
permet au rayonnement solaire d'être captés par les végétaux
chlorophylliens dans leurs cellules et de l'utiliser pour fabriquer des
substances nutritives dont ils ont besoin en transformant le gaz carbonique
en sucres et en rejetant l'oxygène). Quand la lumière se fait rare, dans les
ports et les vases et surtout en profondeur, les chercheurs pensent qu'elle vit
en symbiose avec des bactéries qui l'aident à fixer directement par ses
feuilles les éléments nutritifs présents dans la mer. Quand le milieu devient
vraiment pauvre, une sorte de pompe à sels minéraux lui permettrai, toujours
selon les chercheurs, de vivre temporairement sur un stock de sels minéraux
sans apports extérieurs.
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Même lorsque le milieu est des plus inhospitalier elle s 'arrange pour survivre.
L'un des principal facteur limitant pour le développement des algues est la
profondeur. Alors qu'une algue " normale " ne peut pas vivre a des grandes
profondeurs, les différents moyens d'alimentation de la Caulerpa lui
permettent de vivre jusqu'à 35 mètre de profondeur en forte densité et
même 100 mètres avec une densité beaucoup faible. La pollution ne l'arrête
pas non plus car elle se développe même dans les ports.
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Autre qualité remarquable, la Taxifolia possède un rythme de développement
contre saison d'une rare efficacité, en d'autre thermes elle n'arrête jamais
de se reproduire. Alors qu'à l'automne, la plupart des algues entrent en phase
de repos, elle poursuit son développement. Et au printemps lorsque les autres
algues se " réveillent ", elle a envahit de nouvelles zones volant la place aux
autres algues.
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Comment fait-elle pour se reproduire ?
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Une reproduction sexuée de la Caulerpa n'a jamais été mise en évidence.
L'algue destructrice comme on la surnomme se reproduit donc par
bouturage. L'invasion est donc partie d'un seul individu car l'identité
génétique de spécimen prélevés en Méditerranée et en aquarium est la même.
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Toutes ces caractéristiques morphologiques ne constituent pas en soit un
réel problème, après tout on a déjà dénombré en Méditerranée 350 espèces
de plantes et d'animaux d'origines étrangères, le seul problème, c'est que la
Caulerpa est une algue vénéneuse pour les autres plantes et les poissons. Elle
sécrète des poisons et anti poisons de la famille des terpènes. Plusieurs
d'entre eux sont d'ailleurs des molécules inédites, jamais observées
auparavant. Elle sécrète aussi de la caulerpine (pigment dérivé du dimère
d'indol), de la caulerpicine et de la caulerpényne. Son poison stoppe la
divisions des œufs d'oursins (test de biotoxicité habituel) et tue les souris
blanches. Face à ce danger chimique, rares sont les poissons qui se risque a
brouter la Taxifolia et la seule qui parvient pour le moment à lui tenir tête
c'est la Posidonie (l'algue de Méditerranée) grâce à sa hauteur et à ses
longues feuilles.
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Les caractéristiques troublantes de cette algue ne peuvent être expliquées
selon les scientifiques que par deux hypothèses, la Caulerpa Taxifolia serait
le produit d'un croisement entre plusieurs Caulerpes ou d'une manipulation
génétique lui conférant de très nombreuses qualités lui permettant ainsi de
survivre dans le milieu hostile que représente un aquarium.
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