Utilisation d'un montage assimilable à une diode sans seuil pour étudier la disparition du courant dans une bobine

Denis Gauthier et Jean-Pierre Defossez, Lycée Bernard Palissy, 47000 AGEN

Présentation :

Un ordinateur muni d'une carte (ici PC MS3) et d'un logiciel d'acquisition (ici SYNCHRONIE) permet aujourd'hui d'enregistrer les régimes transitoires et de vérifier la validité des montages utilisés pour les étudier.

Nous montrons d'abord qu'un montage avec un interrupteur à point milieu, proposé il y a peu de temps encore en exercice dans les manuels, ne donne pas ce courant (§ 1). Avec le montage qu'on y trouve maintenant, utilisant une diode pour court-circuiter la bobine, la courbe de décroissance est modifiée par la tension seuil (§ 2). Une association de cette diode avec un AO l'assimile à une diode sans seuil et supprime cette perturbation (§ 3).

1- Un montage théorique inadapté :

1-1 Schéma :

On utilise une bobine à inductance variable (L = 0,85 H ; r = 10 W ), une résistance (r' = 200 W ) et une alimentation stabilisée (E @ 5,0 V), figure 1.

Figure 1

1-2 Enregistrement :

* On ferme d'abord l'interrupteur sur le générateur ; ensuite on l'ouvre et on le referme sur la résistance r'. L'acquisition est faite sur 30 ms (1000 points, durée entre deux points 30 µs) et synchronisée sur l'ouverture de l'interrupteur, voie 2 à 4,7 V décroissant. On obtient les courbes de la figure 2 avec pour la voie 1, uBM(t) = r'.i(t) = 0 sur toute l'acquisition : aucun courant ne passe dans r'.

Figure 2

* En refaisant un enregistrement sans fermeture sur la résistance r', on obtient la même courbe sur la voie 2 pour la tension aux bornes de la bobine, uAM(t).

Elle présente à l'ouverture, pendant 5,35 ms, une forte surtension négative uAM= - e = L.di/dt correspondant bien à di/dt < 0, limitée sur l'enregistrement à -10 V par le dispositif de protection de la carte. Cette surtension provoque une étincelle de rupture aux bornes de l'interrupteur.

On note ensuite, durant 1,17 ms, des oscillations brèves et très amorties dont l'analyse donne une fréquence, f = 5,70 kHz, et une période, T = 0,175 ms. Ces oscillations montrent que cette bobine a une capacité propre C de l'ordre de 1/L.4p 2.f 2 @ 1 nF.

On a enfin, pour t > 6,52 ms, uAM = 0.

1-3 Conclusion :

L'énergie électromagnétique de la bobine est ici dissipée en grande partie dans l'étincelle de rupture qui suit l'ouverture du circuit et ensuite dans ces oscillations accompagnées de l'émission d'ondes électromagnétiques.

La tension aux bornes de la bobine, uAM, est nulle avant que l'on referme l'interrupteur sur la résistance r'. Ce montage ne permet pas de visualiser la disparition du courant dans une bobine.

2- Montage avec une diode :

2-1 Schéma :

Figure 3

On reprend les mêmes composants avec une diode court-circuitant la bobine sur la résistance r' à l'ouverture du circuit et on enregistre en voie 1, uBM(t) = r'.i(t), figure 3. On utilise d'abord une diode silicium us = 0,60 V, donnant la courbe uBM1(t) ; puis une diode de tension seuil plus faible, diode Schottky us = 0,15 V, donnant la courbe uBM2(t).

2-2 Enregistrement :

Il est réalisé sur la même durée totale 30 ms et synchronisé sur la voie 1 à 4,7 V décroissant. On obtient pour uBM(t) = r'.i(t), figure 4, une courbe ayant l'allure d'une exponentielle décroissante tronquée quand uBM atteint zéro : le prolongement de la partie uBM > 0 aurait, dans le domaine uBM < 0, une assymptote uBM = constante. Cette déformation est atténuée mais subsiste cependant quand la tension seuil de la diode diminue..

 

Figure 4

2-3 Modélisation :

Le logiciel SYNCHRONIE possède un traitement d'équation différentielle et permet de rapprocher une courbe expérimentale et une courbe de la modélisation.

Avec la feuille de calcul on fait tracer les courbes expérimentales, i1(t) = uBM1(t)/r' et i2(t) = uBM2(t)/r'.

Dans ce montage, pour t ³ 0 :

uAB + uBM + us = 0 soit L.di/dt + r.i + r'i + us = 0

et L.di/dt + R.i = - us (1) avec R = r + r'

Les courbes de la modélisation sont données par les solutions i(t) de l'équation (1), tracées avec L = 0,85 H, R = 210 W , et successivement, us = 0,60 V puis us = 0,15 V. On prend pour valeur initiale I0 du courant la valeur relevée au curseur sur les courbes expérimentales i(t), I0 = 0,023 A ; l'intégration est faite sur la durée de l'acquisition de 0 à 0,030 s.

Les quatre courbes, i1, i2, i1mod et i2mod sont données par la figure 5. Dans le domaine i > 0, la courbe expérimentale et la courbe de la modélisation (croix) sont très proches à chaque fois.

Dans le domaine i < 0 non défini physiquement ici, les courbes de la modélisation ont une assymptote parallèle à l'axe des abscisses et qui s'en rapproche quand us diminue.

 

Figure 5

2-4 Conclusion :

Cette coïncidence des courbes i(t) et imod(t) donne une bonne vérification expérimentale de l'équation (1) et explique le rôle de la tension seuil de la diode utilisée : cette tension doit-être la plus faible possible.

 

3- Montage assimilable à une diode sans seuil :

3-1 Schéma et étude :

3-1-1 Schéma :

On garde les mêmes composants. La diode silicium est maintenant associée à un AO et l'ensemble est placé entre A et M comme l'indique la figure 6. Ce montage met A au potentiel de E- et M au potentiel de E+ : on a, uMA = VE+- VE- = e .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Figure 6

3-1-2 Etude :

La tension aux bornes de la diode est uSA = uSM + uMA = vs + e . La caractéristique de transfert d'un AO montre que la tension de sortie vs est toujours de même signe que e : uSA a donc toujours ici le signe de e .

* A t < 0, lorsque interrupteur est fermé, le dipôle (A,M) est récepteur avec uAM = E = 5,0 V et e = uMA = - 5,0 V < 0.

La tension uSA < 0 polarise la diode en inverse : S est isolé de E- et la contre réaction ne peut se produire. e garde sa valeur négative et l'AO reste en régime saturé avec vs = -vsat.

On peut vérifier avec un voltmètre e @ -5,0 V et vs= - vsat @ -13 V.

* A t ³ 0, dés que l'interrupteur est ouvert, le dipôle (A,M) devient générateur à cause du phénomène d'autoinduction : il tend à prolonger l'existence de i qui décroit avec uAM = - e = L.di/dt < 0 et e = uMA > 0.

La tension uSA > 0 polarise la diode en direct : S n'est plus isolé de E- et la contre réaction peut se faire. L'AO bouclé, bascule en régime linéaire et e devient pratiquement nul.

Sur la maille (M, E+, E- , S) l'additivité des tensions successives donne : 0 + e - uS + vS = 0 et vS = uS = 0,60 V, tension seuil de la diode silicium (peut-être vérifié avec un voltmètre).

Avec vs = us = constante (dans le domaine de fonctionnement de la diode) < vsat, l'AO reste en régime linéaire. On a alors :

vS / e = uS / e = A0 @ 105, coefficient d'amplification différentielle de l'AO,

et uMA = e = uS / 105 @ 6 µV @ 0.

Le courant i, arrivant en M, passe dans la masse des alimentations de l'AO ; en A, le départ vers M de i impose l'arrivée du même courant i venant de S et fourni par les alimentations de l'AO.

L'association (diode ; AO) est passante avec une tension entre ses bornes uMA pratiquement nulle : elle devient assimilable à une diode idéale sans seuil. Ce dispositif permet donc de court-circuiter le dipôle (A,M) avec uMA = 0.

Remarque :

Pour vérifier l'exactitude de cette explication nous avons enregistré la courbe vS(t) en voie 2 de l'ordinateur au cours de la même acquisition, figure 7. Nous avons constaté en plus qu'avec un AO de type TL 081 le basculement du régime saturé au régime linéaire, quasi instantané (d t < 0,1 ms), n'est pratiquement pas visible sur la courbe vS(t) : ce basculement ne perturbe pas la courbe uBM = r'i(t) de la voie 1, non représentée ici. Avec un AO plus ancien, type µA 741, le passage pour vS de - vsat à us est bien visible ; il dure environ 0,5 ms et déforme le début de la courbe de la voie 1, non représentée ici.

Figure 7

3-2 Enregistrement :

On obtient pour uBM(t) = r'.i(t) une courbe ayant l'allure d'une exponentielle décroissante admettant bien l'axe des abscisses pour asymptote. Avec la feuille de calcul on trace la courbe i(t) = uBM/r'.

3-3 Modélisation :

L'équation (1) précédente prend ici la forme souhaitée : L.di/dt + R.i = 0. On fait tracer sa solution imod avec les mêmes paramètres qu'au § 2-3. Les courbes de i et imod sont représentées sur la figure 8.

Figure 8

3-4 Conclusion :

Le rapprochement des deux courbes montre que ce montage permet bien de visualiser fidèlement le phénomène recherché.

 

 

Le groupe académique Sciences-Physiques et Informatique

 

Bibliographie :

Carte CAN et logiciel :