TRAVAIL ET EMPLOI
Le travail constitue l’un des facteurs essentiels de la croissance. Depuis le 18 ème siècle, le travail a fait l’objet de nombreuses études qui ont eu pour conséquence une meilleure adaptation de ce facteur de production aux exigences de la croissance ( nécessité d’accroître les gains de productivité … )
I
- L’ORGANISATION DU TRAVAIL DANS LES PAYS INDUSTRIALISES
A – LA DIVISION DU TRAVAIL SELON ADAM SMITH
Rappel : Adam SMITH (1723 – 1790) : auteur classique écossais considéré comme le père fondateur de la science économique. C’est un libéral, théoricien de la division du travail et défenseur de l’Etat-gendarme. Il justifie le «laisser-faire», et la limitation du rôle de l’Etat à des fonctions régaliennes par sa théorie de la «main invisible» qui est un mécanisme de régulation automatique de l’économie de marché. Œuvre principale : Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations ( 1776 )
Adam Smith a montré au 18 ème siècle que la division du travail présentait un grand nombre d’avantages en permettant d’augmenter la productivité. En prenant l’exemple d’une fabrique d’épingles, il met en évidence l’importance de la répartition des tâches entre les individus : c’est la division technique du travail qui permet, par la décomposition du processus de production, d’atteindre une plus grande efficacité productive. La mécanisation accélère la division des tâches et provoque la disparition progressive de l’artisan ( commençant et terminant un objet du début jusqu’à la fin ).
Rappel : Frederick Winslow TAYLOR (1856-1915) : ingénieur américain, créateur de l’OST. Il affirme que l’adoption d’une norme de travail dans l’entreprise (the One Best Way) doit permettre à celle-ci d’accroître la productivité des travailleurs (qui ne doivent surtout pas penser … )
L’OST de Taylor est fondée principalement sur deux éléments :
-
sur une division extrême des
tâches
-
sur une forte spécialisation
des salariés.
Dans son analyse, Taylor distingue en fait deux divisions : - une division verticale : c’est la direction de l’entreprise qui impose ! L’ouvrier est dépossédé de toutes prérogatives («tout travail intellectuel doit être enlevé à l’atelier») à On sépare ainsi les tâches de conception des tâches d’exécution.
- une division horizontale : celle-ci conduit alors à une parcellisation des tâches : chaque ouvrier doit être spécialisé dans une tâche simple et répétitive lui permettant de travailler plus efficacement.
Conséquences de ceci pour les ouvriers : il y a une grande déqualification de leur travail et une dégradation de leurs conditions de travail à plus de surveillance, plus de contraintes, un rythme de travail plus rapide, un contenu du travail appauvri… )
Au début du 20 ème siècle, Henry Ford va s’inspirer de cette analyse en y apportant toutefois quelques modifications.
Parmi les principaux ajouts de Ford à l’analyse de Taylor, on trouve : - le convoyeur et la chaîne -
la standardisation des produits - des salaires élevés assurant des débouchés
aux produits fabriqués
Fortement développé au 20 ème siècle, le fordisme s’avère aujourd’hui mal adapté aux caractéristiques actuelles de l’économie ; en effet :
- la charge de travail sur chaque poste est très inégale (cela génère des conflits, des tensions, du sur-travail pour certains et du sous-travail pour d’autres …)
- La chaîne est trop rigide et ne répond pas assez rapidement aux exigences de la production (développement des options, adaptation à certaines normes…)
Pour enrayer les dysfonctionnements du taylorisme et du fordisme, mais aussi pour lutter contre le ralentissement de la croissance, certaines mutations sont apparues indispensables et des tentatives d’enrichissement du travail ont tout particulièrement été mises en place à rotation des postes, élargissement et enrichissement des tâches, travail en groupes semi-autonomes …
Malgré ces améliorations, le renouveau dans les méthodes de travail a surtout été apporté par les entreprises nippones !
Prenant le relais des entreprises américaines, les entreprises japonaises élaborent de nouvelles méthodes de production. Initiateur : Taïchi OHNO Lieu : entreprise TOYOTA Déclic de cette initiative : les méthodes américaines ne sont pas transposables au modèle japonais (moins de capitaux, marché plus petit, grande diversité de la production …) Le toyotisme repose sur deux principes : - Le « juste à temps à JAT » : on part des commandes adressées à l’entreprise (aval) pour remonter vers l’amont (niveau de fabrication) à On produit les quantités demandées par le marché et seulement ces quantités ! On peut ainsi fluidifier la production et éliminer tout ce qui peut ralentir celle-ci (transport, pannes…) Avantages : il n’y a plus de stockage, de pièces inutilisées, de production excessive, de transport inutile … à l’assemblage «juste à temps» d’un produit permet d’atteindre un objectif de « zéro stock » (rappel des cinq zéros : 0 stock, 0 panne, 0 papier, 0 défaut, 0 délais). La production est alors dite en flux tendus.
- L’auto-activation de la production : elle résulte d’une plus grande autonomie des machines et des salariés dans l’entreprise : le personnel est polyvalent et bien formé. On mobilise l’intelligence des travailleurs pour les inciter à résoudre eux-mêmes les incidents qui surviennent.
Le toyotisme est particulièrement adapté aux caractéristiques de l’économie actuelle car produire en petite série en évitant les frais liés au stockage et aux méventes, tout en associant les travailleurs aux objectifs de l’entreprise dans un contexte de forte compétitivité, constitue un atout non négligeable !
L’organisation du travail, qui a permis le développement du capitalisme, dépend toutefois pour partie de l’organisation du marché du travail !
II – LE FONCTIONNEMENT DU MARCHE DU TRAVAIL
A
– Les composantes de ce marché 1
– L’offre de travail (Ow) C’est une offre de force de travail. Elle désigne la quantité de travail que les agents économiques désirent « vendre » sur le marché du travail et se mesure en heures. Elle provient de la population active, même si tous les offreurs de travail n’en font pas partis (chômeurs découragés, travailleurs au noir…)à conséquence : en période de reprise économique, la création d’emplois ne fait pas diminuer dans la même proportion le chômage.
2
– La demande de travail (Dw) C’est une demande de force de travail. Elle provient des entreprises et dépend : - de la production annuelle - de la productivité - de la durée légale du travail - du niveau de l’emploi
Représentation schématique : - L’offre de travail est une fonction croissante du taux de salaire : plus ce dernier est important, et plus les individus sont prêts à sacrifier leurs loisirs à leur travail. - La demande de travail est une fonction décroissante du taux de salaire : plus le salaire est bas, et plus les entreprises sont prêtes à embaucher.
L’intersection
des deux courbes détermine la quantité de travail d’équilibre (offerte
et achetée), ainsi que son prix d’équilibre. A ce niveau d’équilibre
E, les offres et les demandes de travail sont satisfaites.
B
– L’analyse néoclassique du marché du travail Pour les néoclassiques, c’est sur le marché du travail que se confrontent la demande des entreprises et l’offre des travailleurs. Cette dernière résulte d’un arbitrage entre le temps de travail et le temps de loisir. Pour les néoclassiques, le travail est une marchandise comme les autres et le marché du travail est un marché semblable aux autres, sur lequel règne la loi de l’offre et de la demande. Le marché du travail apparaît comme le lieu où par confrontation d’une offre et d’une demande, s’établit un taux de salaire et une quantité de travail échangée en situation d’équilibre. NB : l’embauche d’un employé supplémentaire représente un coût supplémentaire pour l’entreprise : Tant que ce coût est inférieur à la productivité marginale de ce travailleur, l’entreprise aura intérêt à embaucher.
C
– L’analyse keynésienne du marché du travail Pour les keynésiens, le marché du travail n’est pas un véritable marché et le travail n’est pas une marchandise : son prix ne se fixe donc pas sur le marché. Pour Keynes, le niveau de l’emploi dépend du niveau de la production qui dépend lui-même de la demande effective c’est-à-dire de la demande anticipée par les entrepreneurs. Cette demande effective dépend des consommateurs (de la consommation potentielle à notion de propension marginale à consommer) et des investisseurs : en effet, les consommateurs achètent d’autant plus que leurs revenus sont élevés. Pour Keynes, le salaire est avant tout un revenu et non un coût. A retenir : les anticipations des
entrepreneurs vont déterminer le niveau de la production qui déterminera
le niveau de l’emploi.
Problème : le marché du travail fait parfois apparaître un déséquilibre entre l’offre et la demande de travail à apparition du chômage.
III – LE CHOMAGE : DEFINITION, EVOLUTION ET ANALYSES THEORIQUES
A –Définition
On répertorie 3 définitions du chômage :
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- Définition du BIT (adoptée
par l’INSEE) : Un chômeur est une personne : - qui est sans emploi - qui recherche activement un emploi - qui est disponible dans un délais de 15 jours - qui n’a pas travaillé ne serait-ce qu’une heure durant la semaine de référence
Définition
de l’ANPE (Agence Nationale Pour l’Emploi) : Un chômeur est une personne : - qui est sans emploi - qui recherche activement un emploi - qui est disponible dans un délais de 15 jours - qui est inscrit sur les registres de l’ANPE et des ASSEDIC (Association pour l’Emploi Dans l’Industrie et le Commerce) à une tolérance de 78 heures d’activité réduite est acceptée par l’ANPE
B – Evolution du chômage
1
– Le constat chiffré Les statistiques sur le chômage deviennent de plus en plus fiables. Globalement, nous retiendrons que : - de 1959 à 1974, le nombre de chômeurs a stagné autour de 1 à 1,5 millions.
- de 1975 au milieu des années 90, le nombre de chômeurs a fortement augmenté pour atteindre presque 3 millions.
- Aujourd’hui, depuis quelques mois, le chômage amorce une décrue et concerne 2 700 000 personnes en France (soit 11,5 % de la population active)
RAPPEL :
nombre de chômeurs Taux de chômage (en %) : --------------------------------- x 100 Population active
Mais la France n’a pas été le seul pays concerné par ce fléau !
2
- Les principales causes d’entrée et de sortie du chômage
Suivant les circonstances, le secteur concerné, ou encore la période considérée, le chômage observé peut prendre différentes formes.
3
– Les différents types de chômage
Il peut être : - frictionnel - conjoncturel - structurel - technique - saisonnier - … Face à ses différentes formes de chômage, des inégalités apparaissent entre les individus.
4
– Les inégalités face au chômage
- des inégalités selon le sexe et selon l’âge - des inégalités selon le diplôme - des inégalités selon les PCS Rappel : il touche surtout les jeunes, plutôt les femmes, les moins qualifiés et davantage les étrangers que les nationaux.
Des analyses ont été avancées pour expliquer l’existence et la persistance du chômage dans nos économies.
C – Quelques explications possibles du chômage
1
- Des explications plutôt théoriques :
Ø Pour les néo-classiques, s’il y a du chômage, c’est parce que les salaires sont trop élevés et sont surtout rigides à la baisse ( ils sont soumis à certaines réglementations à SMIC, charges patronales …) Comme les travailleurs ne veulent pas travailler à un niveau de salaire trop faible, ils préfèrent consacrer du temps à leur loisir plutôt qu’à leur travail à on parle de chômage volontaire. NB : les classiques sont pour la libre
concurrence, l’initiative privée et individuelle et pour la non intervention
de l’Etat dans l’économie. Pour eux, l’Etat ne doit pas intervenir pour
résorber le chômage, il doit laisser le marché du travail s’auto-réguler
afin que celui-ci retrouve son équilibre (par une baisse de salaire …)
Ø Pour les keynésiens, s’il y a chômage, c’est parce que la demande effective est insuffisante et parce que les revenus distribués sont trop faibles. Si la demande anticipée est insuffisante, la production (c’est-à-dire l’offre) sera insuffisante et le niveau de l’emploi aussi. Pour les keynésiens, le chômage est plutôt involontaire car il n’y a pas de raisons pour que le volume de l’emploi fixé, décidé par les entrepreneurs, corresponde exactement au plein-emploi. Keynes refuse l’analyse néo-classique selon laquelle le chômage peut se résorber grâce à une baisse des salaires (donc des coûts que supportent l’entreprise), car cette baisse entraînerait une réduction du pouvoir d’achat des consommateurs et donc une baisse de la demande (donc de l’emploi…)
2
- Des analyses plus contemporaines :
Ø Le chômage résulterait d’une forte augmentation de la population active en âge de travailler (faux à ex des trente glorieuses) Ø Le chômage résulterait d’une croissance trop faible ( mais la reprise de la croissance au début des années 90 n’a pas diminué le nombre de chômeurs). Ø Le chômage résulterait d’un fort développement du progrès technique et du machinisme. Ø …
D – Les solutions envisagées pour enrayer le chômage
1 - Une baisse du coût du travail : par la baisse des cotisations sociales patronales
2 - Supprimer ou alléger les contraintes administratives lors des créations d’emplois + alléger la pression fiscale (taxe professionnelle, IS…)
3 - En déréglementant (moins d’entraves, plus de liberté pour les entreprises…)
4
- Favoriser la croissance : Ø en augmentant certains revenus (fonctionnaires, SMIC, allocations …) Ø en diminuant les taux d’intérêts (soutien à l’investissement) Ø en développant des grands travaux (relance du bâtiment …) Ø en augmentant les emplois de fonctionnaires à hausse de la consommation
5 - Réduire le temps de travail à exemple : les 35 heures en France
6 - Favoriser la formation et la qualification à des individus qualifiés s’adaptent plus facilement !
7
- Favoriser la flexibilité Ø en développant le travail partiel (partage du travail) Ø en adaptant les emplois, les horaires, les salaires aux besoins de l’entreprise à principes des 35 h avec l’annualisation du travail.
8 - Développer les aides, les indemnités pour assurer un pouvoir d’achat aux chômeurs afin de leur permettre de consommer et « d’exister » socialement.
9 - Plus récemment, (suite à l’affaire Michelin), en sanctionnant les entreprises qui licencient alors qu’elles réalisent d’importants bénéfices.
10 - …
Le chômage concerne une partie non négligeable de la population active et n’est rien d’autre qu’un constat « d’échec » pour nos économies. Mais il ne faut toutefois pas oublier que la situation des 89 % d’actifs restants a elle aussi beaucoup évolué !
III – EVOLUTION
DE L’EMPLOI, DE SES FORMES ET DES QUALIFICATIONS
La population active, en offrant sa force de travail, constitue l’un des facteurs essentiels de la croissance.
A – L’évolution
de l’emploi
1 – les formes d’emplois observées
a à Une forte tertiarisation de l’économie : celle-ci s’est accélérée au cours des trente glorieuses et résulte du développement économique et social des pays, du développement de l’externalisation des entreprises (pratique des entreprises qui se recentrent sur leur activité principale et n’accomplissent plus elles-mêmes des tâches annexes qu’elles confient à des entreprises tierces (sous-traitance, prestataires de services, intérim…) et aussi de la théorie du déversement d’Alfred SAUVY (« la main-d’œuvre libérée d’un secteur dont les gains de productivité sont > à la croissance de sa production se déverse dans des secteurs créateurs d’emplois)
Evolution
de l’emploi par secteur
bà Un fort développement du salariat (taux de salarisation en France aujourd’hui : environ 87 %) Ceci résulte des transformations successives du modèle productif (avènement de la société industrielle) qui a nécessité de plus en plus de main d’œuvre (plus ou moins qualifiée) et qui acceptait de travailler en échange d’un salaire : ce salaire assure alors à l’individu un statut dans la société, une protection et une certaine sécurité.
RAPPEL à qu’est-ce que le “coût salarial ” ?
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Comme nous l’avons vu précédemment avec les néoclassiques et les keynésiens, le salaire peut aussi bien être un coût qu’un revenu. Mais sa détermination peut dépendre de différents paramètres :
- Du temps de travail (aujourd’hui se développe de plus en plus le temps partiel, surtout pour les femmes, qui est la plupart du temps un temps de travail subi, non désiré par les femmes et qui n’assure pas toujours un niveau de vie suffisant) - Du diplôme - Des responsabilités engagées - Du sexe (“ A travail égal, salaire égal” : utopie ou réalité ?) - De l’âge - Du mérite du salarié (?) - De l’ancienneté du salarié - De la région ( on gagne plus à Paris qu’en province car le mode de vie est très différent à loyers + chers ….) - Du secteur d’activité (footballeur =/= ouvrier …) - Du contrat de travail ( indéterminé ou déterminé …) - de la productivité ( cas particulier : la théorie du salaire d’éfficience à la théorie du salaire d’efficience établit une relation entre la productivité du travail et le salaire qui est inverse à celle que proposaient les néoclassiques : en effet, selon cette théorie, la fixation d’un salaire supérieur à celui du marché stimule les performances individuelles. (ce n’est plus la productivité qui détermine le salaire mais le salaire qui détermine la productivité !) - …
L’amalgame de tous ces éléments favorise le développement de nombreuses inégalités de salaires, qui générent de nombreuses inégalités sociales et facilite l’exclusion d’une partie de plus en plus importante de la population (voir thème n° 4 sur “CHANGEMENT SOCIAL ET SOLIDARITES” ainsi que le sujet de dissertation du bac 99)
cà Un fort développement des emplois précaires Formes : intérim + CDD + apprentis + stagiaires Objectif : assurer aux entreprises plus de flexibilité à Rappel : on distingue deux formes de flexibilité :
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Particularités : l’emploi précaire ne touche pas de la même façon toutes les PCS. à Les plus concernées : les ouvriers et les employés (respectivement 10 et 9 % des actifs de la PCS) Avantages de ces emplois : la lutte contre le chômage (on freine les destructions d’emplois) ; on évite l’exclusion de certaines populations (jeunes, femmes, étrangers …) ; ces emplois assurent une formation à des personnes en mal d’expérience professionnelle ; mais ils assurent aussi une baisse du coût du travail ; il y a moins de revendications syndicales ou autres, une meilleure adaptation des entreprises aux fluctuations de la conjoncture … Inconvénients de ces emplois : - pour l’employeur à ils n’assurent pas une réelle rentabilité à l’entreprise (manque de formation, lenteur dans le travail, manque de motivation des salariés qui savent qu’ils ne feront pas carrière dans l’entreprise…) et ils représentent un coût caché (fabrication de produits de mauvaise qualité, besoin de formation du personnel embauché …) - pour le salarié à ils n’assurent pas un travail à durée indéterminée, ils sont instables, ils ne permettent pas à l’individu de s’intégrer dans l’entreprise et plus globalement dans la société, ils n’assurent pas toujours un niveau de vie suffisant, et ces emplois ont de plus en plus tendance à se substituer aux emplois stables …
En clair : la flexibilité recherchée
par les entreprises afin de lutter contre le chômage et trouver une plus
grande adaptabilité aux fluctuations du marché se transforme pour les
salariés en véritable précarisation de leur situation.
2
– La segmentation du marché du travail
La crise, qui a fragilisé les entreprises, les a surtout incité à rendre leur personnel plus flexible, ce qui a provoqué un éclatement du marché du travail (on parle même d’une vraie segmentation !). On distingue ainsi aujourd’hui 2 formes de marchés : (théorie dualiste de P.B.Doeringer et M.J.Piore)
- le marché primaire : il dispose d’une main-d’œuvre qualifiée, stable, correctement rémunérée, ayant des perspectives d’avenir et de promotion…
- le marché secondaire : ce marché favorise le développement de la précarité dans l’entreprise par son recours aux CDD et à l’intérim. à le personnel est instable professionnellement, mal rémunéré, et a peu de perspective d’intégration et de promotion dans l’entreprise …
NB : On peut donc distinguer au sein de l’entreprise un marché interne dans lequel les salariés sont particulièrement protégés et un marché externe sur lequel retombent les contraintes de la flexibilité exigée par le marché.
NB : on peut observer aussi une troisième forme de marché (extrêmement précaire) : le marché informel ou souterrain : on utilise certains employés (CES, stagiaires…) pour d’autres activités que celles pour lesquelles ils ont été embauchés + le travail au noir qui permet d’échapper aux prélèvements obligatoires à Dans la plupart des pays, le marché secondaire se développe au détriment de l’emploi stable à naissance d’une société duale.
Enfin, l’adaptation des entreprises à l’évolution du marché ainsi qu’à la mondialisation ne peut s’effectuer sans un réel effort au niveau de la qualification des salariés, qui doivent être de plus en plus polyvalents.
B– L’évolution des qualifications
La qualification est un déterminant de la compétitivité et elle doit s’adapter aux exigences de l’appareil productif. On la définit comme étant l’ensemble des connaissances, des aptitudes et des expériences que requiert l’exercice d’un emploi déterminé.
à On distingue deux formes de qualification :
L’utilisation de nouvelles technologies nécessite une main d’œuvre qualifiée, mais n’élimine pas le recours à une main-d’œuvre moins qualifiée, qui reste nécessaire par exemple dans les services aux ménages et plus globalement dans les activités tertiaires.
Depuis une vingtaine d’années, on constate que : - le nombre d’ouvriers non qualifiés diminue nettement - le nombre d’ouvriers très qualifiés progresse fortementà la bipolarisation des qualifications instaurée par le fordisme est remise en cause dans la mesure ou une meilleure formation des personnels est exigée avec les nouvelles méthodes de production. - Enfin, la nature de ses qualifications va vers une tertiarisation encore plus rapide des emplois.
Pour favoriser l’emploi, développer son activité ou encore ses parts de marché, toute entreprise se doit de réaliser un certain nombre d’investissements. La diversité des investissements, leurs objectifs et leurs conséquences sur les capacités de production sont eux aussi sources de changement social.
Auteur : anne CAZAUX - cazaux@ac-bordeaux.fr |