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THEME 2 : Fiche exemple 3. Communauté des citoyens et communautés d’appartenance
Problématique La
participation des citoyens à la communauté politique n’a évidemment
jamais exclu leur appartenance à d’autres formes de communautés concrètes,
historiques, religieuses ou sociales. Même à l’époque des nationalismes
triomphants, on savait que les Français étaient aussi des Bourguignons ou
des Provençaux, des membres de l’Eglise catholique ou d’une Eglise
protestante, que nombre d’entre eux entretenaient des références particulières
à certains pays étrangers. Mais le principe de l’organisation politique était
que ces appartenances particulières ne devaient pas entrer en concurrence
avec la participation à la République qui primait sur les autres allégeances.
A chaque époque, on conjugue, de manière différente, des formes
d’appartenance à des communautés concrètes et la participation à la
communauté des citoyens.
Démarche 1.
Une enquête historique permettrait de montrer comment,
en France, l’adhésion nationale a intégré des formes de reconnaissance
des particularités et des identités locales. Le célèbre Tour de France
par deux enfants, de G. Bruno, en fournit entre autres l’idée. Une
autre réflexion historique montrerait que les autres pays européens ont
adopté des manières différentes de conjuguer les identités locales ou
particulières avec la participation à la communauté des citoyens. Ainsi la
Grande Bretagne comprend plusieurs nations, l’Allemagne est un pays fédéral,
les Cantons suisses gardent une grande part du pouvoir local, l’Espagne
reconnaît des régions qui disposent d’une grande autonomie etc. Pour des
raisons historiques, la tradition française, malgré la tendance initiée
dans la décennie 80 par les lois de décentralisation, est plus
centralisatrice, politiquement et culturellement, que celle des autres pays
européens. 2.
L’exemple des revendications régionalistes aujourd’hui
pourrait constituer une nouvelle étape de la réflexion. Jusqu’à quel
point une région peut-elle revendiquer un statut spécial et une législation
spéciale, sans remettre en question l’égalité de tous les citoyens dans
la société politique ? La solidarité entre les régions françaises naît
précisément du fait qu’elles constituent une même collectivité politique
: est-ce que bénéficier de cette solidarité n’implique pas que tous
respectent les règles communes qui fondent l’Etat de droit ? Cette
interrogation pourrait s’appliquer à l’analyse d’événements de
l’actualité française ou étrangère. Au nom de quels arguments, par
exemple, la Corse ou la Bretagne pourraient-elles revendiquer l’indépendance
? Si elles l’obtenaient, quelles conséquences en résulterait-il ? Comment
les réformes récentes conduisent-elles à une nouvelle organisation
politique entre le gouvernement britannique, d’un côté, l’Ecosse, le
Pays de Galles et l’Ulster, de l’autre ? 3.
On pourrait retrouver à cette occasion la
problématique de l’unité politique et du respect des différences légitimes.
Toutes les pratiques sociales et culturelles qui ne remettent pas en question
les valeurs communes de la République - la liberté et l’égalité de tous
les citoyens, le respect de la loi, l’égale dignité humaine - sont
garanties par les libertés publiques : transmettre une langue ou une culture
particulière fait partie de la liberté de chacun. Mais ce respect des
particularités culturelles ou linguistiques ne saurait remettre en cause les
valeurs communes qui permettent de vivre ensemble. Les particularismes,
qu’ils soient culturels ou régionaux, ne peuvent être reconnus que s’ils
sont compatibles avec les valeurs de l’égalité et de la liberté des
individus qui légitiment l’exercice de la citoyenneté et le projet
politique de la République.
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