Fiche 3: De la cité grecque à la cité de banlieue 

(classe de seconde)



Problématique:
- Les Grecs ont inventé "la politique’ (c’est-à-dire l’art de gérer les affaires de la cité) dans le cadre limité de la "cité-État". Aujourd’hui, les violences dans certains quartiers périphériques (dénommés également "cités") s’expriment parfois contre des représentants des institutions publiques et des équipements collectifs.
Entre la naissance de la politique et sa contestation contemporaine, la "cité" tient une place centrale. Mais de quelle cité s’agit-il au juste ? Comment est-on parvenu à désigner des réalités aussi différentes à travers un même mot?

Démarche
- Dans un premier temps, on repérera les divers emplois du mot "cité" par enquête dans la classe et hors de la classe.


- Dans un deuxième temps, on rappellera la signification de la cité grecque
*À l’origine, la cité grecque (polis) repose sur une agglomération d’hommes, un territoire sacré dont la ville est le centre, et un principe politique qui dépasse les traditions singulières, même si les droits associés à l’appartenance a la cité ne concernent qu’une faible partie de la population.
*À partir du 6ème siècle, la civitas (mot latin à l’origine du terme "cité") se réduit à la ville où réside l’évêque. Siège des pouvoirs civils et religieux, elle est au sommet dans la hiérarchie des agglomérations humaines. Dans certains cas, comme à Carcassonne, cette cité est réduite à l’ensemble délimité par des fortifications puissantes. Le mot "civilité", issu de la "civitas", désigne l’attitude de ceux qui ont appris à vivre ensemble dans la ville et, notamment, les convenances en usage chez les habitants. Dans la littérature religieuse (cf Saint-Augustin et la Cité de Dieu), dans les écrits des utopistes de la Renaissance (cf Campanella et La Cité du Soleil) et même chez certains architectes modernes (cf Le Corbusier et la Cité radieuse), la cité est souvent considérée comme l’espace idéal des établissements humains.


- Dans un troisième temps, on se reportera à la définition proposée en 1873 par Littré "Cité ensemble de maisons qui, dans une grande ville, se tiennent et ont quelques règles spéciales et une sorte d’association". Outre une forme urbaine originale, cette cité s’est donnée des règles et des conventions ; elle mobilise des acteurs et des modes d’intervention particuliers. La notion de "cité ouvrière" qui fleurit à la fin du 19ème siècle se distingue de celle de "cité-jardin" apparue en 1902 sous la plume de l’Anglais Ebenezer Howard dans son ouvrage intitulé "Garden-Cities of Tomorrow" (Les Cités-jardins de demain). Cette cité-jardin offre les avantages respectifs de la ville et de la campagne sur un terrain dont la municipalité est propriétaire. A la différence des cités ouvrières périphériques marquées par la dépendance, elle doit intégrer harmonieusement tous les secteurs du travail et de la vie sociale, comme une ville à part entière.

- Dans un quatrième temps, on montrera que les groupes de logements "HLM", souvent confondus avec les "cités de banlieue", se rapportent à un cadre bâti qui s’est largement répandu dans les années soixante. Constitué de tours et de barres, celui-ci est dénommé "grand ensemble" au-delà de 500 logements.
Cette "cité" périphérique, plus ou moins appropriée - ou rejetée- par les habitants qui y résident, est devenue emblématique de la crise urbaine en France. Elle n’a rien à voir avec la "City" qui représente le centre des affaires dans les villes anglo-saxonnes et qui est désertée pendant les heures de repos. Lieu majeur d’identification pour les adolescents, cette cité draine une série d’affects et de représentations : les professeurs les feront émerger lors de la séance et, s’il y a lieu, ils s’interrogeront avec les élèves sur la place des médias dans la fabrication de l’identité négative qui pèse sur le quartier.
De cette façon, l’équipe qui aura préparé le débat montrera que la connaissance précise et scientifiquement étayée d’un lieu va souvent à l’encontre des préjugés. En s’aidant des statistiques socio-démographiques issues du recensement, ou en travaillant à partir de deux ou trois cages d’escaliers contiguës, cette équipe fera prendre conscience aux autres élèves de la part du visible et de l’invisible dans la construction d une société. Elle rendra compte, par exemple, de la diversité sociale du quartier: variété des âges, des professions, des secteurs d’activités, des lieux de travail, etc.. La place des personnes âgées dans la cité et les contraintes qui les concernent directement pourront faire l’objet d’une étude particulière difficultés de déplacement, solitude, sentiment d’insécurité...
Si les conditions s’y prêtent , l’équipe proposera aux élèves les plus concernés de faire un décompte systématique des équipements publics existants et de ceux qui sont absents dans le secteur géographique du lycée, en distinguant par exemple ceux qui relèvent de la gestion municipale, des administrations de l’Etat, des transports interurbains, de la santé, de la petite enfance, de l’éducation, de l’activité commerciale, des loisirs ou de la culture en général.
Dans certains cas, la découverte des diverses formes de mixité (mixité sociale, mixité des activités, des centres d’intérêt etc..) au sein d’une cité réputée "monofonctionnelle" souligne la participation du quartier à l’ensemble de l’agglomération et son inclusion plus ou moins poussée dans une société urbaine élargie. On notera également que l’enclavement perçu n’est bien souvent que relatif. Une rapide étude des associations locales et de leurs objectifs complétera utilement cette approche sociale.
Enfin, un groupe d’élèves pourra recenser les différentes formes de dégradation dans la cité, celles qui concernent les structures bâties, façades ou cages d’escalier par exemple, celles qui touchent les espaces verts, les commerces, les administrations publiques et les établissements scolaires. Il distinguera les dégradations qui sont liées aux malfaçons techniques ou au vieillissement des immeubles de celles qui proviennent d’actes de malveillance, pénalement qualifiables. Ce travail collectif pourra alimenter un débat sur les conséquences sociales du vandalisme, sur leur impact médiatique et sur le sentiment d’insécurité qui touche une partie de la population.

Conclusion
Cette rapide fresque permet de montrer l’évolution de l’usage du mot "cité" et tous les contre sens possibles quand on l’emploie aujourd’hui. On voit la richesse et l’ambiguïté dont le terme est porteur quand on en étudie l’étymologie et quand on le resitue dans l’histoire des sociétés. On observera aussi comment une approche scientifiquement fondée permet au citoyen de démonter les idées toutes faites concernant une cité. Ainsi un habitant informé peut devenir le citoyen qui participe à la vie politique de la cité.

 

 

 

 

courrier électronique        

                      site optimisé pour une  résolution graphique de: 800*600 

actualisé le 12/03/00