Fiche 6: Diversité des traditions culturelles et culture commune (classe de seconde)


Problématique
Toute société nationale est diverse. Elle réunit, par définition, des populations dont les origines historiques, les convictions religieuses et les caractéristiques sociales sont différentes. La citoyenneté, dans son principe, ne s’oppose pas au choix d’assumer des identités particulières ni à la volonté des individus d’affirmer leur fidélité à un passé historique particulier ou à des croyances religieuses. Tout au contraire, elles garantit que ces manifestations puissent se faire librement. La citoyenneté, dans une logique démocratique, peut aussi être un instrument de gestion de la diversité.
Mais cette diversité, inscrite dans le principe même de la citoyenneté, comporte inévitablement des limites. Pour assurer l’existence d’une nation citoyenne, il faut que soient respectées deux exigences. Il faut, d’une part, que tous acceptent la séparation de l’ordre politique et de l’ordre religieux qui fonde la démocratie moderne. Il faut, d’autre part, que l’égalité de dignité de chacun, qui fonde la logique de la nation démocratique, ne soit pas contredite par les pratiques des cultures particulières, notamment dans le droit personnel. Les valeurs du domaine privé peuvent-elles à long terme être contradictoires avec celles qui fondent les pratiques de la vie publique sans remettre en cause le projet collectif lui-même?

Démarche
La gestion de la diversité par la citoyenneté pourrait être illustrée par les problèmes concrets que soulèvent par exemple l’application de la laïcité ou le droit aux langues minoritaires.

1. Une première étape pourrait montrer le sens de l’abstention de l’Etat dans les affaires religieuses. Rappeler que l’idée est née à la suite des guerres de religion au XVIIème siècle, elle est apparue alors comme le moyen de faire vivre catholiques et protestants dans la même société politique. C’est donc un principe fondateur de la culture commune. En montrant que ce n’est pas seulement un problème français, mais un principe général de la citoyenneté, on pourrait aussi montrer les formes particulières qu’il a prises en France, sous le terme de laïcité. On pourrait aussi souligner, par la comparaison avec d’autres pays démocratiques, que le principe de la neutralité religieuse de l’Etat, fondateur de l’ordre démocratique, peut continuer à évoluer dans ses formes concrètes, étant donné les transformations des sociétés contemporaines.

2 - On pourrait amener les élèves, dans une deuxième étape, à réfléchir sur les limites de la diversité admise et admissible. Peut-on accepter toutes les pratiques, en particulier celles qui sont incompatibles avec les droits de l’homme, par exemple l’excision des petites filles, ou l’inégalité des droits des hommes et des femmes? Ce serait l’occasion de montrer que la culture commune assurée par la citoyenneté repose sur des valeurs communes, celles qui assurent l’égale dignité de tous les hommes.

3- On pourrait, dans une troisième étape, soulever le problème des instruments de la citoyenneté. Cette dernière n’implique-t-elle pas que tous les citoyens partagent une langue et un langage communs, qui permettent de gérer les rivalités et les conflits selon les règles de droit ? La liberté de pratiquer une langue particulière dans le privé, chez soi ou avec ses amis, peut-elle déboucher automatiquement sur sa reconnaissance dans l’espace public, dans l’hôpital, dans l’administration, dans les institutions politiques ? Comment, concrètement concilier, la liberté culturelle de chacun et les exigences de la vie collective 7 Jusqu’où peut-on accepter la diversité dans l’espace public, qui est l’espace de la citoyenneté et de la culture communes?

 

 

 

 

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actualisé le 12/03/00