CM 
Gauguin

Toute ma vie, j'ai rêvé...

Pompier ou policier chez les garçons, infirmière ou hôtesse de l’air chez les filles, voilà les métiers qui ressortent le plus souvent en interrogeant les jeunes sur les métiers qu’ils aimeraient faire plus tard. Pour connaître un peu mieux un des ces métiers auréolés de prestige, hôtesse de l’air, nous avons rencontré Anne Marie Le Penven, chef de cabine sur long-courrier à Air France. 

Comment devient-on hôtesse de l’air ?

Il faut d’abord avoir le bac, savoir parler l’anglais et connaître d’autres langues est un plus. Ensuite, on se présente à la compagnie aérienne et on doit passer un examen, le C.S.S. Là, on apprend comment agir en cas de problème dans l’avion ou de passagers malades. Ce n’est pas un métier exclusivement féminin : nous sommes Personnel Navigant Commercial et nous avons aussi des stewards.

Quelle est la différence entre une hôtesse de l’air et un chef de cabine ?

Dans un avion, il y a un équipage technique, pilote, commandant de bord et un équipage commercial. Le chef de cabine est quelqu’un qui prépare le vol avec l’équipage technique, il en connaît exactement tous les détails. Souvent les chefs de cabines ont été hôtesse de l’air ou steward.

Combien de voyages faites-vous par mois ou par an ?

Tout dépend si on travaille sur moyen-courrier ou long-courrier. Sur moyen-courrier, les vols en France ou en Europe durent une heure ou deux et on peut faire des rotations sur une journée. Les long-courriers partent très loin et on fait à peu près 6 destinations par mois.

Combien avez-vous de jours de congé ?

Cinq semaines par an comme tout le monde. Sur moyen-courrier, on a 2 jours par semaine mais on n’a ni week-end ni jours fériés. Les long-courriers regroupent les 2 jours par semaine en 6 jours par mois et des repos en fonction de la fatigue du vol.

Quel est votre salaire ?

Ca dépend des mois, des heures faites. En tant que chef de cabine sur long-courrier, avec 75 heures,  je gagne entre 18000 et 19000F par mois.

Pourquoi avoir choisi ce métier ?

L’envie de voyager, de voir du pays. Ce métier permet cela.

Est-ce que les passagers ont peur ?

Oui, beaucoup ont peur et ils le manifestent de façon différente : certains le disent de suite, d’autres non mais ils sont agressifs ou ont des comportements bizarres.

Avez-vous déjà eu des problèmes sur un vol ?

Oui, on a toujours quelques problèmes techniques mais ce n’est pas dramatique. J’ai aussi toujours eu la chance d’avoir de très bons pilotes et des avions bien suivis. Un avion avec des problèmes ne partira pas, on préfèrera un retard. Les gros problèmes des avions, ce sont les oiseaux qui entrent dans les réacteurs. Un Concorde est resté 3 mois en panne à cause d’oies qui étaient rentrées dans les réacteurs.

Quel est votre vol le plus long ?

Actuellement, c’est 14H de vol lorsqu’on va en Argentine, à Buenos-Aires. Il faut savoir que lorsqu’on vole dans ce sens, c’est plus long. Pour aller à New-York, on met 8 heures et  pour revenir 7 heures. Parfois, la durée des vols s’allonge quand on ne peut pas survoler des pays en guerre.

Avez-vous fait le tour du monde ?

Oui, j’ai travaillé sur Concorde.  C’est l’avion le plus rapide. En Boeing 747 , Paris New-York dure 7H30, en Concorde, c’est 3H30. C’est un avion super-sonique. Il ne peut que traverser l’Atlantique car il est trop bruyant pour passer au dessus de régions habitées.

Avez-vous le temps de visiter les pays où vous atterrissez ?

Parfois. Là je reviens d’Inde : nous sommes arrivés un soir, nous sommes restés 2 jours et reparti le 3ème jour. Si on arrive à bien dormir, on a la possibilité de visiter.

Quel est le voyage qui vous a le plus marqué ?

Le Tour du Monde en Concorde. C’était une expédition : partir un mois avec le même avion, les mêmes passagers, le même équipage, dans des pays où on  n’a pas l’habitude d’aller et où on a été très bien reçu.

Et celui où vous avez eu le plus peur ?

Je n’ai jamais eu peur mais des voyages ont été plus fatigants, avec beaucoup de retard, des passagers malades. Lorsqu’un passager est gravement malade, on cherche s’il y a un médecin à bord. S’il n’y en a pas, on voit par radio avec le SAMU ce que l’on peut faire. Il n’y a pas longtemps on a du dérouter un avion pour un passager qui avait un pneumothorax. C’est un problème grave au  niveau des poumons et si on ne faisait rien, il pouvait mourir.

Rencontrez-vous des gens célèbres ?

Oui, beaucoup, surtout lorsqu’on voyage en Concorde. Des chefs d’Etat, ministres, des mannequins, des chanteurs, Mickael Jackson,  Manu Di Bango qui voyage avec tout son groupe comme Jean Jacques Goldman avec tous ses musiciens. Le violoncelliste Rostropovitch prend toujours une place pour son violoncelle.

Est-ce que votre travail est difficile ?

Comme dans tout travail, il y a de très bons côtés et des moins bons côtés. Le plus difficile pour nous, c’est de gérer la fatigue : sur les longs courriers, on a des décalages horaires, on décolle parfois à minuit et on doit rester de 12H à 14H éveillé à surveiller ce qui se passe même si on a envie de dormir.