THEME 2 : 
“ EXERCICE DE LA CITOYENNETE, FORMES DE PARTICIPATION POLITIQUE ET ACTION COLLECTIVE ”  

 

Fiche exemple 2 :

 Etat démocratique et pouvoirs de l'image

 

Problématique:

L'État a besoin de signes pour montrer sa puissance : les fastes, les ors, les pompes de la République valent ceux de l'Empire ou de la Monarchie. Il sécrète des symboles qui rassemblent et constituent des lieux de mémoire, il fabrique une mythologie collective. Le pouvoir, pour exister, a besoin d'être reconnu : il distribue ses effigies. Bref, il produit des images.

La logique de l'image et du spectacle a pénétré l’Etat démocratique. Le candidat doit être vu pour être élu, l'élu doit se montrer pour être réélu. La République a ses symboles, ses uniformes et ses costumes, et les partis leurs emblèmes. L'État représentatif est aussi un État en représentation. Le suffrage universel rapproche le pouvoir du citoyen, les progrès des techniques de l'image et de sa diffusion de masse le lui rendent familier. Les transformations de l'image et de l'imaginaire du pouvoir amènent à s'interroger sur leur valeur et leurs effets. L'expression politique du peuple est-elle conciliable avec les pouvoirs de l'illusion et de la séduction ?

 

Démarche:

1.On fera l'inventaire des différentes formes de représentation du pouvoir (costumes, effigies, emblèmes, symboles) et des figures successives qu'il a prises dans l'histoire : par exemple, en France, le coq gaulois, le drapeau tricolore et la Marianne, la photographie officielle du Président de la République... On peut analyser les mythologies collectives qu'elles sécrètent ou sur lesquelles elles reposent. On montrera l'importance croissante de l'image dans la communication et le contenu du message politique : affiches électorales, tracts, professions de foi des candidats, clips vidéo, images télévisées, Internet…

 

2.On pourra alors analyser les conséquences de la production de masse des images sur

l’information politique du citoyen et la formation de l’opinion publique. L’instruction publique forme le citoyen à comprendre et critiquer un discours ou un texte, à analyser un programme et des idées ; le prépare-t-elle à décoder des images, à résister à l'illusion d'objectivité qu'elles confèrent, à maîtriser les règles de cette communication du contact ? L'image n'entraîne-t-elle pas une perversion de la politique, quand ce qu'on dit importe moins que la manière dont on le dit ("comment on est passé"), quand l'homme politique se façonne lui-même selon les lois du marketing, fait appel à des conseillers en communication, modèle son image sur celle des leaders d'opinion (vedettes du showbiz) et s'entoure de journalistes pour obtenir du temps d'antenne et asseoir sa notoriété ?

 

3.On peut alors montrer la distance et la familiarité que crée l'image, la manière dont elle transforme le lien politique et le rapport du citoyen au pouvoir, et les effets que cela produit sur l'idée de représentation (familiarité, reconnaissance, identification). On analysera les tensions entre le caractère abstrait de l'État républicain universaliste et cette démocratie du public, au sens médiatique du terme, qui repose sur la personnalisation du pouvoir et le pouvoir de l'image. Le financement public des partis politiques et des campagnes électorales est-il compatible avec les coûts gigantesques des campagnes médiatiques et peut-il assurer le droit à une information libre et égale ? Ne faut-il pas maîtriser ces pouvoirs d'illusion des images, mais aussi reconnaître qu'ils constituent des moyens d'information, de production du lien social, de constitution d'une communauté ? A l'intérieur ou par-delà les frontières de la nation, ils nous rendent présents les autres hommes sans distance, à condition bien sûr que le citoyen garde une distance critique par rapport à ces images.


 

   

 

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actualisé le 13/09/00