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THEME 2:
Fiche exemple 1. Etat,
peuple et nation
Problématique Expliciter
les sens de ces termes proches, mais qui ne se confondent pas, peut être l’occasion
de faire prendre conscience des fondements de la démocratie. Par le fait
même que nous vivons dans un régime fondé sur la citoyenneté, la
démocratie nous paraît aller de soi. Il importe donc, pour la comprendre, de
prendre une certaine distance à l’égard de sa fausse évidence. La
réflexion sur le sens même qui est donné à l’Etat, au peuple et à la
nation peut en fournir l’occasion, puisque la démocratie définit des
relations particulières entre ces trois termes. Démarche 1.
A partir d’exemples historiques,
on peut montrer comment le principe de légitimité propre aux sociétés
démocratiques a conduit à donner un sens nouveau au vieux terme de peuple. C’est
au nom du peuple français que le pouvoir est exercé selon la Constitution.
En ce sens, le peuple, c’est l’ensemble des citoyens ou la communauté des
citoyens, source de la légitimité du pouvoir démocratique. C’est ce qui
explique le refus du Conseil constitutionnel de reconnaître l’existence du
peuple corse comme une partie du peuple français. C’est aussi au nom de
cette conception du peuple comme collectivité politique que fut reconnu le
droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. La même analyse peut être
faite pour la nation. La nation, jusqu’à la Révolution, désignait ceux
qui étaient nés dans la même région (on parlait, par exemple, de la nation
de Picardie ou de Normandie). La Déclaration des Droits de l’homme et du
citoyen a changé ce sens, en affirmant dans son article 3 que “ Le principe
de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul
individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément ”.
Désormais constitués en nation, les citoyens devenaient la source du pouvoir
politique légitime. C’est pourquoi l’éducation - ainsi que de nombreuses
autres institutions - sont devenues nationales : elles s’adressent à tout
le peuple ou toute la nation en ce sens. 2.
Les confusions des termes à l’époque actuelle pourraient
donner lieu à des explicitations du même type. En distinguant les diverses
utilisations de nation, on pourrait souligner les caractéristiques de la
nation démocratique, forme particulière d'unité politique. Mais, toute
nation n’est pas démocratique. On parle souvent de nations pour désigner
des unités politiques ou des Etats. Dans le cas de l’organisation des
Nations Unies, par exemple, il s’agit d’unités politiques dont la
souveraineté est reconnue par l'ordre international, mais qui ne sont pas
nécessairement démocratiques. En distinguant la nation de l’Etat, en tant
qu’ensemble des institutions et des moyens de contrôle et de coercition par
lesquels s’exerce le pouvoir, on peut faire prendre conscience de la
spécificité du régime démocratique. Si l'Etat différencie toutes les
nations-unités politiques des autres formes de collectivités ou des ethnies,
l’existence du lien nécessaire entre Etat et nation ne doit pas pour autant
aboutir à assimiler l'un à l'autre. On pourrait montrer que c'est au
contraire la vie d'une communauté de citoyens, distincte de l'Etat, qui
différencie la nation démocratique des régimes autoritaires ou totalitaires
dans lesquels la société civile tend à être absorbée par l’Etat. 3.
A partir de ces notions,
des problèmes très concrets pourraient être soulevés. Jusqu’à quel
point un peuple peut-il voir son indépendance reconnue ? Tous les peuples
peuvent-ils être indépendants ? Comment les définir ? Comment cette
reconnaissance peut-elle se conjuguer avec la construction de l’Europe ?
Quels rapports existe-t-il entre l’Etat national, les pouvoirs locaux et les
institutions européennes ? Si, jusqu’à présent, la démocratie a toujours
été nationale, l’est-elle nécessairement ? Comment peut-on conjuguer des
pratiques de citoyenneté à des niveaux différents ? |
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