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THEME 2 :
Fiche exemple 2. Exercice
de la citoyenneté, égalité et parité Problématique La
citoyenneté est fondée sur l’égalité des droits civils, juridiques et
politiques de tous les citoyens, quelles que soient leurs caractéristiques.
Elle implique donc nécessairement l’égalité de la citoyenneté des hommes
et des femmes. C’est la citoyenneté qui a soulevé le problème de l’égalité
des uns et des autres, comme certains des révolutionnaires français,
Condorcet ou Olympe de Gouges, l’ont clairement formulé. Mais cette
conception heurtait des pratiques et des représentations sociales si
anciennement et si profondément ancrées dans la conscience des Européens
que le droit de vote ne fut accordé aux femmes que plus d’un siècle plus
tard (entre 1870 et 1970 selon les pays). Accorder le droit de vote n’a
pourtant pas suffi à assurer l’égalité de la participation des femmes à
la vie publique, suscitant des interrogations et des critiques sur le
fonctionnement de la République elle-même. Pour dépasser cette limite de la
vie politique, contraire à l’idéal démocratique, faut-il introduire des règles
imposant l’égale représentation des hommes et des femmes dans la vie
publique, ou parité ? Quels problèmes une disposition de ce type, qui n’a
été adoptée par aucun autre pays démocratique que la France, soulève-t-elle
? Démarche 1.
Une enquête historique pourrait constituer la première étape de la réflexion.
Comment les arguments des partisans du suffrage féminin, au nom du principe même
de la vocation universelle de la citoyenneté, formulé pendant la Révolution,
ont-ils été réfutés et refusés par des adversaires qui invoquaient des
raisons biologiques pour affirmer que les femmes étaient incapables
d’exercer leur raison ? Le sens et les formes du combat des féministes
pourraient être rappelées. On pourrait aussi tenter d’expliquer pourquoi
les différents pays démocratiques ont accordé le droit de vote aux femmes
à des dates aussi différentes. Pourquoi la France a-t-elle été l’un des
derniers pays à le faire, en 1944, par une décision du général de Gaulle
(seuls, parmi les pays démocratiques, quelques cantons suisses ont accordé
ce droit plus tard) ? 2.
L’étape suivante consisterait à s’interroger sur les raisons pour
lesquelles le droit de vote n’a pas suffi à assurer l’égale
participation des femmes à la vie politique. Si les arguments biologiques
apparaissent aujourd’hui irrecevables, les arguments culturels ou sociaux
peuvent-ils être invoqués ? Pourquoi le droit des femmes d’accéder à
tous les emplois et la maîtrise de leur fécondité, dans les années 1970,
n’ont-ils pas suffi pour qu’elles participent à la vie publique au même
titre que les hommes ? Le refus de les accepter est-il de même nature que le
refus opposé par les hommes politiques en place au renouvellement de la
classe politique ? Faut-il penser qu’il s’agit d’un simple retard, dû
au fait que les femmes n’ont acquis l’égalité civile, juridique et
politique que récemment ? Ou bien s’agit-il d’une limite essentielle et
structurelle de la citoyenneté qu’il s’agirait de critiquer radicalement
? Selon la réponse qu’on donne à cette question, on peut critiquer
l’instauration de la parité ou la juger nécessaire. 3.
On pourrait, à partir de là, introduire le débat plus théorique.
Si l’on adopte l’interprétation en termes de retard, ne suffit-il pas de
prendre des mesures pratiques, éventuellement provisoires, pour faciliter et
encourager ce rattrapage des femmes ? On constate alors combien les femmes ont
acquis de positions sociales au cours des dernières décennies et on fait
l’hypothèse que ce mouvement continuera et qu’il suffit de
l’accompagner. En revanche, l’instauration de la parité repose sur l’idée
que l’évolution spontanée se heurte à des limites essentielles de la
citoyenneté. Il faut donc imposer par la loi l’égale représentation des
hommes et des femmes dans toutes les institutions politiques. La parité soulève
néanmoins des problèmes de fond. En insistant sur la différence entre les
hommes et les femmes, ne risque-t-elle pas de renforcer la conscience de la
différence biologique et de l’imposer dans la vie sociale ? Quelles
dispositions et quelles pratiques faut-il adopter pour que la parité entre
hommes et femmes n’ouvre pas la voie à la reconnaissance d’autres groupes
en tant que tels (groupes d’âge ou d’origines), avec le risque de
fragmenter l’espace public commun ? |
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