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PROGRAMME
OFFICIEL:
Classe de Première
Le programme de l’enseignement d’Education Civique, Juridique et
Sociale pour la classe de Première (ES, L, S), applicable en 2000-2001 a été publié au B.O.E.N. hors série
n° 07 du 31 août 2000
"Institutions et pratiques de la
citoyenneté"
Conformément aux principes généraux de l'enseignement
de l'éducation civique, juridique et sociale publiés avec le programme de la
classe de seconde, l'ECJS a pour objet en classe de première le sens du
politique. Il ne s'agit pas d'enseigner la science politique, mais de susciter
chez les élèves des questions et une réflexion qui leur permettent de mieux
comprendre comment fonctionne la vie politique des sociétés contemporaines.
Cet enseignement mobilise à la fois les notions acquises au collège, des
savoirs enseignés dans différentes matières et les acquis de l'éducation
civique, juridique et sociale de la classe de seconde. Il s'efforce d'apporter
une meilleure compréhension de la fonction du droit, des institutions
politiques et de l'action des citoyens dans la communauté politique.
I
- Objectif général
de la classe de première
II
- Thèmes et notions
III
- Démarche
IV -
Évaluation
V
- Orientations principales des thèmes
I
- Objectif général de la classe de première
Au terme de la classe de seconde, les élèves se sont
approprié la notion de citoyenneté. La classe de première est consacrée à
la réflexion sur la participation politique et l'exercice de la citoyenneté.
Les institutions politiques qui organisent la République et la démocratie sont
analysées à partir de leur refondation constante par les pratiques des
citoyens. Cette réflexion permet de comprendre le sens du droit, des
institutions et des libertés politiques. Elle s'exerce à travers la compréhension
critique de ces institutions et des tensions qui traversent toute société démocratique.
Dans notre régime politique, celui de la démocratie représentative,
la participation politique prend essentiellement la forme de l'élection de représentants
du peuple, mais aussi d'autres formes : participation au débat public, actions
collectives... Le principe de la représentation apparaît comme le fondement de
la légitimité dans toute société moderne et peut être ainsi un moyen
d'aborder les grands problèmes politiques contemporains. Il est généralement
invoqué pour légitimer les institutions politiques qui représentent le corps
de la nation, mais on peut aussi le mobiliser à propos d'autres relations
sociales : les partis qui représentent les courants de pensée, les syndicats
qui représentent les intérêts de leurs adhérents et de leurs mandants, la
justice qui est rendue au nom du peuple français. Ce principe de représentation
est aussi présent dans les associations, comme dans les lycées (avec les représentants
des professeurs, des élèves, des parents d'élèves, des collectivités
territoriales...).
Ainsi, le fait politique peut être abordé à travers
l'idée de représentation. Dans tous les domaines qu'elle structure Assemblée
Nationale, partis, syndicats, associations, lycées... la représentation crée
une mise à distance entre représentants et représentés tout en les mettant
en relation. Ces deux mouvements produisent, selon les époques et à des
rythmes variables, des tensions continues, inévitables dans les sociétés démocratiques
: tensions entre les différentes institutions, entre ces institutions et le
monde vécu par les citoyens.
Ces tensions, source de conflits inévitables, sont
constitutives du sens moderne du politique. On pourra les analyser en montrant
que les sociétés démocratiques s'efforcent de les gérer par des pratiques
politiques qui sont conformes aux principes du droit et excluent le recours à
la violence.
II - Thèmes
et notions
Afin de limiter le risque d'une trop grande dispersion, quatre
thèmes sont proposés en classe de première. Ce
sont :
- Exercice de la citoyenneté, représentation et légitimité
du pouvoir politique
- Exercice de la citoyenneté, formes de participation
politique et d'actions collectives
- Exercice de la citoyenneté, République et
particularismes
- Exercice de la citoyenneté et devoirs du citoyen
On prendra au choix, en les reliant éventuellement, un ou
plusieurs de ces quatre thèmes qui ne sont pas énoncés dans un ordre
contraignant, pour éclairer le sens de la participation politique. Dans le
cadre de la philosophie générale de l'ECJS, et conformément à la loi du 28
octobre 1997, l'étude du devoir de défense sera abordée quels que soient le
ou les thèmes choisis. Le même thème peut être utilisé de plusieurs manières.
Au fil du temps, les illustrations choisies pourront se périmer ou s'enrichir
de matériaux fournis par l'actualité ainsi que des pratiques et innovations
des professeurs.
À partir du travail sur l'un ou plusieurs de ces thèmes,
les sept notions suivantes
doivent être abordées et avoir reçu une première définition :
- Pouvoir
- Représentation
- Légitimité
- État de droit
- République
- Démocratie
- Défense
Ces notions, mises en relation, permettent de comprendre
le sens de la participation politique et de l'exercice de la citoyenneté.
III
- Démarche
La démarche proposée mobilise notamment des savoirs
issus de différentes disciplines et de leurs pratiques. Le choix des sujets étudiés
pour déboucher sur l'analyse des notions du programme relève de la liberté pédagogique
des professeurs. Ils l'adaptent en fonction de la filière dans laquelle ils
interviennent, des compétences particulières existant à l'intérieur de l'établissement
et des possibilités d'interventions extérieures. Cette réflexion sur
l'exercice politique de la citoyenneté ne peut se concevoir ici qu'à partir
des intérêts manifestés par les élèves et de leurs interrogations.
L'actualité notamment, qu'elle soit locale, nationale,
européenne ou internationale, peut fournir le ou les sujets se rapportant aux
pratiques de la citoyenneté et au fonctionnement des institutions. On fera le
lien entre des événements de l'actualité et une réflexion plus large. Élections
en France ou à l'étranger, commémorations des grandes lois de la République
ou de grands conflits du passé, débats de société pourront ainsi être
mobilisés dans la mesure où ils permettent de montrer aux élèves les conséquences
directes de l'exercice de la citoyenneté.
Il conviendra de relier les questions posées par
l'actualité aux enseignements que nous fournit l'histoire. On peut se référer
aux conseils méthodologiques donnés dans le programme de la classe de seconde.
Parmi les méthodes pédagogiques mobilisables pour cet
enseignement, il y a lieu de privilégier l'organisation de débats argumentés.
Ils contribuent à créer un espace de discussion au lycée permettant de
comprendre le sens et les règles de la participation politique. Un débat
argumenté est un débat préparé. Cela suppose le recours à des ressources
documentaires appelant une utilisation méthodique du CDI. L'organisation du
travail préparatoire au débat peut mobiliser des techniques variées selon le
sujet abordé : ouvrages, dossiers de presse, recherche de documents
historiques, politiques ou juridiques, y compris sur cédérom ou sur
l'Internet, enquêtes, etc. en visant à former l'esprit critique des élèves
face aux résultats de ces recherches.
IV - Évaluation
L'évaluation en classe découle de cette démarche : la pédagogie
mise en œuvre a fait appel à la mobilisation de l'élève dans des activités
diverses écrites et orales de recherche et d'exposition, qui doivent toutes être
prises en compte. Le professeur évalue les productions des élèves sous leurs
différentes formes : constitution de dossiers, contenu des interventions dans
les débats, textes écrits, etc.
V
- Orientations principales des thèmes
1 - Exercice de la citoyenneté, représentation et légitimité
du pouvoir politique
Si toute société est caractérisée par l'existence de
relations de pouvoir, on peut s'interroger sur la spécificité du pouvoir
politique. Il peut être défini par sa légitimité, c'est-à-dire par une
acceptation fondée sur le consentement des membres de la société. La légitimité
repose sur des principes et des pratiques qui ont varié dans le temps et dans
l'espace. Dans les sociétés démocratiques contemporaines, elle repose
essentiellement sur la légalité qui fonde l'État de droit.
L'analyse des modes d'attribution et d'exercice du pouvoir
pourra être approfondie. Contrairement aux régimes totalitaires, les démocraties
représentatives constituent une organisation du pouvoir politique dont la légitimité
passe par la reconnaissance de la souveraineté populaire et dont l'exercice
repose sur la délégation de cette souveraineté. Les débats de la Révolution
ont montré l'opposition entre les tenants de la démocratie directe et ceux de
la démocratie représentative des sociétés démocratiques modernes. Le peuple
délègue sa souveraineté par le biais d'élections régulières et
concurrentielles à des élus chargés, pour un temps et sous des formes déterminées
par la loi, de s'occuper des affaires publiques.
En ce sens, la représentation politique désigne le
processus par lequel des gouvernants sont légitimés par l'élection pour
parler au nom du peuple et habilités à décider en son nom. L'interrogation
sur les formes de la représentation politique et les problèmes qu'elle
rencontre peut servir de point de départ à la réflexion.
Celle-ci mérite enfin d'être enrichie par l'analyse d'un
ensemble de concepts : pouvoir, domination, autorité, violence, et leur mise en
relation à travers des faits précis. Il est en effet recommandé d'étudier ce
thème en partant d'un exemple.
2 - Exercice de la citoyenneté, formes de
participation politique et d'actions collectives
Le citoyen se définit par l'exercice de la souveraineté
politique dans la Cité à laquelle il appartient. L'exercice de la citoyenneté
ne saurait donc se réduire ni à la possession de droits fondamentaux, ni à
l'exercice du droit électoral : il implique la prise en compte de toutes les
formes de la participation politique. La démocratie se définit comme le
gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ; cela exclut le pouvoir
d'une autorité qui ne tirerait pas sa légitimité du peuple mais d'une source
extérieure ou réputée supérieure. La démocratie implique donc la
participation active des citoyens.
Celle-ci concerne autant la participation au débat public
censé éclairer les décisions collectives que la prise de ces décisions
elle-même. Elle peut donc prendre différentes formes. Le thème précédent
met en évidence l'importance dans une démocratie de la participation au
processus de désignation de représentants élus. Celui-ci insiste sur les
autres dimensions :
- la participation à l'espace du débat public où se
forme l'opinion publique, ce qui implique l'analyse critique des moyens de
communication de masse et de leurs effets (y compris de l'Internet, des forums
et du courrier électronique) ;
- la participation aux associations civiles, sociales et
politiques, notamment à l'échelon local ;
- la participation à des groupes défendant des intérêts,
par exemple les syndicats ;
- la participation à des actions collectives, locales ou
nationales, sur des objectifs sociaux ou civiques.
Il ne s'agit pas bien sûr d'étudier toutes les formes de
participation politique et d'actions collectives mais d'en choisir une
manifestation qui puisse à la fois faire sens et susciter l'intérêt des élèves.
On pourra ainsi mettre en évidence l'importance de la participation politique
non électorale dans la formation du lien politique qui rassemble la Cité.
3 - Exercice de la citoyenneté, République et
particularismes
Toute société politique est diverse. Elle réunit, par définition,
des populations dont les origines historiques, les convictions religieuses et
les conditions sociales sont différentes. La République reconnaît aujourd'hui
ces particularismes et organise leur gestion. La citoyenneté n'implique pas que
les individus abandonnent leur identité propre ou leur volonté d'affirmer leur
fidélité à un passé historique particulier et à des croyances religieuses
personnelles. Tout au contraire, elle garantit que ces manifestations peuvent se
faire librement, à condition que soient respectées les lois qui organisent les
libertés publiques.
Toutefois, le respect des particularismes ne comporte-t-il
pas inévitablement des limites ? Pour que la République puisse être le bien
de tous, deux exigences se sont imposées :
- la séparation de l'ordre politique et de l'ordre
religieux, qui se manifeste en France à travers les lois de la laïcité ; elle
permet d'organiser la vie en commun de ceux qui ont des pratiques et des
croyances religieuses différentes ;
- la garantie de l'égale dignité de toutes les
personnes, qui est au cœur des valeurs communes définissant la citoyenneté.
Les pratiques culturelles, par exemple dans le droit personnel, ne sauraient être
contradictoires avec l'égale dignité de tous les êtres humains.
Les particularismes ne peuvent être reconnus que s'ils
sont compatibles avec les valeurs de l'égalité et de la liberté des individus
qui légitiment l'exercice de la citoyenneté et le projet politique de la République.
4 - Exercice de la citoyenneté et devoirs du citoyen
Si l'État républicain garantit les libertés
individuelles et les droits du citoyen, les devoirs du citoyen sont la
contrepartie et la condition de ces droits. Toutefois, l'État semble exercer
une pression dont le citoyen prétend parfois s'affranchir (fraudes, désobéissance
à la loi, incivisme, dégradation des biens publics, destruction de la propriété
collective). Il importe donc de montrer en quoi le respect de la loi et de ses
devoirs par le citoyen n'est pas un conditionnement à l'obéissance ; c'est,
tout au contraire, son choix libre et raisonné d'institutions sans lesquelles
les libertés, les droits et la sécurité ne pourraient exister.
On pourra alors analyser les devoirs fondamentaux du
citoyen : le devoir électoral, le devoir fiscal, le devoir de défense, le
devoir de solidarité. Ces devoirs, qui ont conduit à une extension de
l'intervention de l'Etat dans les différentes sphères de la vie sociale,
suscitent des interrogations nouvelles sur les relations entre les contraintes
collectives et les libertés des individus.
Le devoir de défense, depuis la suspension de la
conscription et l'instauration de l'Appel de préparation à la défense (APD),
ainsi que la mise en place du parcours citoyen, exigent que l'école soit partie
prenante d'une réflexion critique sur les moyens de préserver les valeurs de
civilisation et de liberté fondatrices de notre démocratie, sur la sécurité
collective des citoyens, sur le devoir d'ingérence lorsque les droits de
l'homme ou le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes sont outrageusement
bafoués, sur les engagements humanitaires, et tout particulièrement sur le rôle
et l'usage des forces armées dans ces contextes
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