EVALUATION EN ECJS : pistes de réflexion 

 

Ph. Nouvel. Lycée René Cassin. 64100 Bayonne

 Avril 2000

On ne posera pas ici la question de l’évaluation terminale car  comme l’a affirmé lors de l’université d’automne de Paris (novembre 1999), Jacques  Guin ,  la Direction de l’enseignement scolaire (DESCO) ayant organisé un groupe de réflexion  consacrée au bac, il est inutile de s‘épuiser en vaines conjonctures ; on peut simplement regretter que le G.T.D. ne soit pas vu confier une tache complète : celle de proposer un nouvel enseignement  et son évaluation en fin de cycle.

Cependant, 2 questions se posent : quand et sous quelle forme ?

I) Quand ? Les  moments de l ‘évaluation

3 temps forts peuvent être définis :

1)      le débat, mais celui-ci n’est pas une fin en soin (cf les propos de Jacques Guin, lors de l’université d’automne 1999 : « Le débat n’est pas, comme certains l’ont trop vite affirmé, l’objectif de cet enseignement: il n’en est qu’un moyen privilégié »)

2)      le travail en amont : la recherche, la structuration d’informations autour d’une thèse

3)      le travail aval : la réalisation d’une synthèse

 

A) La préparation du débat 

Ø      autonomie du groupe : carnet de route mis à jour, respect de la ponctualité dans les recherches, prise d’initiative, répartition des tâches (dans le cas d’un groupe)

Ø      qualité de la sélection des infos : sujet-hors sujet, compréhension, variété de nature

Ø      qualité de la structuration de la ou des thèses  (classement et hiérarchisation) : introduction, plan (idées générales, exemples), conclusion

Le professeur peut proposer un cahier de suivi de la démarche dans lequel les élèves  noteraient pour chaque étape les difficultés, problèmes solutions trouvés, les acquisitions réalisées, ...

B) Le débat

1)L’exposé :

Ø      Les éléments évalués  ici doivent logiquement être logiquement être les mêmes que ceux évalués dans la partie amont du débat, à savoir la sélection et la structuration des informations

Ø      Cependant, comme nous sommes dans un exercice oral, il est nécessaire de prendre en compte divers éléments tels  le niveau de langue, une élocution claire, mettant en exergue un raisonnement et des temps forts (utilisation de mots tels « donc », « ainsi », « mais », « en conclusion », etc….),  avec un rythme autorisant une prise de notes pour les observateurs, voire pour les autres débattants afin que ceux-ci puissent citer leur « adversaire » potentiel  lors de leur propre prise de parole

 

2)La prise de parole : la forme du débat

a) le président et les observateurs-secrétaires

Ø      Le président de séance désigné peut et doit être évalué dans son non-engagement personnel , dans son rôle de distributeur de parole,  mais aussi de modérateur voire de censeur.

Ø      De même, les observateurs-secrétaires doivent avoir pris des notes  (par exemple, certains sur le fond, d’autres sur la forme) qui peuvent être évaluées

b)  les débattants

Ø      Peuvent être considérés comme négatives les intervention d’opinion : les jugements de valeur, les a priori basés sur l’unique expérience individuelle,  tout comme les attaques personnelles contre l’autre

Ø      Seront par contre valorisés le respect des règles de la prise de parole et de l’écoute de l’autre ; les interventions argumentées, en particulier celles  qui permettent de faire avancer le débat, en restant toujours sensible que les thèses des élèves n’étant pas toujours celles des professeurs, elles ne doivent pas être dénigrées, sauf si elles sont en rupture avec la loi républicaine (racisme, sexisme, etc..)

C) La synthèse

        On peut demander aux élèves (individuellement ou en groupe ?) de formuler de façon concise (moins d’une page format A4, en liaison avec les épreuves du baccalauréat histoire-géographie… cette dernière proposition pouvant être considérée comme un impérialisme disciplinaire)

Ø       leur thèse de départ étayée sur les arguments qui leur apparaissent fondamentaux,

Ø       la ou les thèse(s) opposée(s) et leurs arguments fondamentaux

Ø      leur thèse après le débat : a t’elle été confortée ou a t’elle évoluée ? pourquoi ?

Conclusion : plusieurs critères ont été recensés qui pourraient conduire à une grille d’évaluation.  Cette  possibilité a été évoquée et parfois mise en pratique. Si elle peut aider formellement les élèves, l’addition des occurrences retenues ne peut en aucun cas constituer la note ou l’appréciation finale

 

II)  Quelle forme ?

En synthèse d’un atelier de réflexion  sur l’évaluation lors de l’université d’automne de Paris,  H. Marin (membre du GTD d’ECJS), indiquait que si les notions constitutives de citoyenneté, listées dans le programme, devaient être évaluées, les procédures pour y parvenir n’étaient pas encore maîtrisées. Quant à apprécier les comportements, une majorité de participants avait répondu par la négative.

A)      le dilemme entre individuel et collectif

Si le travail préparatoire et le débat ont été réalisés et animés par des groupes, l’évaluation doit être globale et collective. Des questions surgissent : comment distinguer la part de chacun dans la production du dossier ? Pourquoi tous les élèves n'auraient ils pas la même note ? Quant à la synthèse, quelle que soit la forme des séquences précédentes,  elle peut  être individuelle.

Il semble difficile dans un débat, de pouvoir évaluer l’ensemble des participants, qui plus est si la totalité des élèves est réunie (la  meilleure solution car permettant une discussion  globale à l’intérieur du groupe classe et souvent demandée par les élèves).

Certains élèves ne désirent pas prendre la parole, alors que le professeur sait que leur dossier est solidement argumenté et structuré : Pénaliser le mutisme ici n’a aucune valeur car on constate que la sanction du mutisme ne fait que l’aggraver.

 

B)     Appréciation ou notation ?

Il est nécessaire de préciser que tout dépendra de l’évaluation terminale : Si la direction de l’enseignement scolaire prévoit une évaluation sous forme d’une note et d’un coefficient,  les professeurs auront l’obligation d’attribuer une note et l’habitude s’instaurera dès la classe de Seconde. Il serait fort surprenant, si la réforme est menée à son terme, que l’ECJS ne rentre pas en compte dans l’obtention du futur baccalauréat, et en particulier sous la forme du  contrôle continu….

q                   Cette forme serait la plus classique, la plus facile non seulement  pour les enseignants, mais aussi pour les élèves car elle correspond à des habitudes chez les premiers  et chez les seconds (la note permet de s’étalonner par rapport au système (la moyenne), à soi (ai-je progressé, stagné, ou régressé ?), aux autres (suis-je un des meilleurs, un des plus mauvais de la classe ?).

Cependant, une question induite doit aussi trouver une réponse : une note négative peut-elle être envisagée ? Oui, car un élève peut très bien avoir manifestement trop peu travaillé son dossier préparatoire, avoir des difficultés à sélectionner des informations, ne pas savoir  structurer sa réflexion,  rédiger une synthèse. Refuser de noter en dessous de 10 serait synonyme de démagogie et conduirait implacablement à une désaffection, déconsidération de l’ECJS par les élèves.

L’opinion de l’élève ne peut être acceptée , car l’opinion n’est qu’un  avis personnel non argumenté rationnellement, l’évaluation ne pourra porter que sur les thèses argumentées. Le professeur  comprendra aisément que sa pensée n’est pas unique, même si cela lui déplait de ne pas tenir le rôle qui lui est dévolu en temps ordinaire : celui de détenteur du savoir, de la vérité contingente.

 Aisé de le dire en réunion, plus aléatoire dans sa classe. Si toute thèse contraire à la loi peut être considérée comme irrecevable, encore faut-il nuancer : l’histoire démontre que ce qui illégal un jour peut le devenir le lendemain et inversement. Deux exemples peuvent illustrer la complexité de la situation :

Ø      Les « tags » sont illégaux ; cependant, au début de la décennie 1990 en  France, ils ont été implicitement reconnus, voire  considérés constitutifs  d’une culture populaire (voir article du New York Times traduit dans Courrier International n° 491)

Ø      La consommation de drogue, même dite douces, relève toujours de l’interdit en France. Si un élève s’oppose à cette situation par des arguments (du type aussi dangereux que l’alcool, lui autorisé), le professeur, en tant que fonctionnaire de l’Etat, donc faisant appliquer la loi, doit-il le sanctionner ?

q       pour une appréciation rédigée ?

En premier lieu, pour certains,  l’appréciation est préférable à la notation car celle-ci, si  par hasard négative en terminale, pourrait être considérée comme un symptôme de « non ou de mauvaise citoyenneté » par de futurs  recruteurs dans le domaine éducatif (recrutement sur dossier ) ou dans celui de la vie active (futurs employeurs). Cette idée ne semble pas totalement recevable car les notes d’éducation civique de collège ne sont pas connotées comme des brevets de citoyenneté et car les employeurs n’ont pas pour habitude de demander les bulletins trimestriels de leur salarié potentiel.

Plus recevable est l’idée que l’ECJS est un nouvel enseignement et qu’à nouvel enseignement, méthode d’évaluation non pas nouvelle, mais moins classique que la notation chiffrée et qui permettrait à la totalité des élèves de s’exprimer sans crainte d’une mauvaise note… peut-être aussi aux moins courageux de ne pas s’investir totalement.

     L’appréciation peut elle aussi être négative (cf. ci dessus) mais encore faudrait-il dégager un consensus sur son contenu, sur ses critères

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actualisé le 31/12/00