Plus relativiste, une autre conception sociologique définit la déviance par le défaut d’obéissance aux normes du groupe. Quand on a décrit les normes qu’un groupe impose à ses membres, on peut décider avec une certaine précision si un individu a, ou non, transgressé celles-ci et donc s’il est déviant. (…) Cette conception définit la déviance comme la transgression d’une norme acceptée d’un commun accord. Elle entreprend ensuite de caractériser ceux qui transgressent les normes et recherche dans la personnalité et dans les conditions de vie de ceux-ci les facteurs susceptibles de rendre compte de leur transgression. Cette démarche présuppose que ceux qui ont transgressé une norme constituent une catégorie homogène parce qu’ils ont commis le même acte déviant. Cette présupposition me semble négliger le fait central en matière de déviance, à savoir que celle-ci est créée par la société. Je ne veux pas dire par là, selon le sens habituellement donné à cette formule, que les causes de la déviance se trouveraient dans la situation sociale du déviant ou dans les “ facteurs sociaux ” qui sont à l’origine de son action. Ce que je veux dire, c’est que les groupes sociaux créent la déviance en instituant des normes dont la transgression constitue la déviance, en appliquant ces normes à certains individus et en les étiquetant comme déviants. De ce point de vue, la déviance n’est pas une qualité de l’acte commis par une personne, mais plutôt une conséquence de l’application, par les autres, de normes et de sanctions à un “ transgresseur ”. Le déviant est celui auquel cette étiquette a été appliquée avec succès (…)
Qu’y a-t-il donc de commun à tous ceux qui sont rangés sous l’étiquette de déviants ? Ils partagent au moins cette qualification, ainsi que l’expérience d’être étiquetés comme étrangers au groupe. Cette identité fondamentale sera le point de départ de mon analyse : je considérerai la déviance comme le produit d’une relation entre un groupe social et un individu qui, aux yeux du groupe, aurait transgressé une norme. On peut, selon cette définition, classer les déviances dans un tableau.
La déviance comme défaut d'obéissance
Conception 2 : l'analogie médicale
Conception 1 : la conception la plus simple
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