- Construire le cours avec ses élèves -

 

            Vous devez être attentif au fait que le professeur ne fait pas cours tout seul mais en face de/et avec une classe, c'est-à-dire en communication avec un groupe composé d’individualités. Cela suppose d’être capable d’animer sa classe pour favoriser l’acquisition des savoirs et savoir-faire. Vous trouverez ici quelques conseils pratiques, fruits de notre expérience, qu’il vous faudra adapter selon votre personnalité et en fonction de vos élèves.

 

Pratiquer le cours dialogué.

Au lycée, l’enseignement des SES n’est absolument pas magistral ; il s’agit au contraire de construire avec les élèves un cours dialogué en utilisant les savoirs préalables des élèves, les représentations qu’ils se font du sujet traité, des informations tirées des documents utilisés comme supports du cours. Le cours dialogué est un échange permanent entre l’enseignant et ses élèves, des élèves entre eux, dans lequel le professeur joue le rôle d’animateur de la classe et de « vérificateur » de la validité des réponses apportées par les élèves.

 Au final, le cours est donc l’aboutissement d’une réflexion collective même si sa structure et son contenu ont été préalablement définis par l’enseignant qui impose le cadre dans lequel s’inscrit la réflexion. Dans un cours dialogué, il est donc fondamental de susciter la participation des élèves, de dynamiser son groupe-classe, sinon on aboutit progressivement à un cours magistral dans lequel les élèves sont moins actifs. Stimuler sa classe  se fait par le mode de questionnement des élèves et l’utilisation des réponses qu’ils proposent. Il faut donc être capable de réagir aux apports des élèves pour les amener vers le savoir que nous souhaitons introduire, ce qui est relativement difficile car les réflexions des élèves sont parfois imprévisibles.

 

Transmettre des connaissances aux élèves.

            La transmission des savoir et savoir-faire utiles passe par la participation active de l’élève,  c'est-à-dire par son effort d’écoute et de compréhension en classe, sa prise de parole, son implication dans les exercices proposés. Cette implication de l’élève dans l’acquisition des savoirs permet leur assimilation à long terme (ancrage). Celle-ci passe aussi par la trace écrite du cours, support de mémorisation pour l’élève. Certains collègues dictent ponctuellement en cours de séquence ou à sa fin une synthèse (garante d’un contenu minimal correct, ce qui rassure les élèves mais risque de les rendre moins attentifs). Cette pratique,  souvent utilisée en seconde,  est peu appropriée en classe de première et de terminale, notamment du fait de la lourdeur du cours, et elle prépare peu nos élèves aux études post-bac où il faudra qu’ils soient plus autonomes.

            L’autre possibilité est la prise de notes des élèves qui les oblige à un effort de compréhension donc suppose de leur part une attention soutenue en classe. Difficile à aborder pour les élèves, la prise de notes doit être introduite par des exercices d’apprentissage et un effort du professeur pour laisser une trace écrite du cours au tableau. Dès la classe de seconde, plusieurs professeurs de l’équipe pédagogique (notamment le professeur de français) peuvent proposer aux élèves des activités communes pour faciliter cet apprentissage à la prise de notes. Cette pratique laisse davantage d’autonomie à l’élève et le rend plus actif en classe.

 

Animer sa classe.

            Transmettre efficacement des connaissances aux élèves n’est possible que si l’enseignant maîtrise correctement le fonctionnement de son groupe-classe, ce qui signifie connaître nominativement ses élèves, faire en sorte qu’ils soient concentrés, avoir repéré les élèves-ressources (bons élèves, élèves actifs) ou au contraire les élèves qui se dispersent facilement pour les recadrer. Cela suppose une attention constante envers ce qui se passe en classe en parallèle du cours en train de se construire (regards, signes échangés entre les élèves, bavardages…). L’animation de la classe pose donc la question de l’autorité, laquelle est indispensable mais pour être efficace doit savoir se faire oublier. Voici quelques ficelles du métier d’enseignant : attendre d’avoir le silence pour commencer son cours ;  rappeler régulièrement que dès l’entrée en classe, les conversations privées doivent s’arrêter ; interpeller tout élève qui se déconcentre ;  ne pas laisser s’installer un brouhaha et surtout ne pas hausser la voix pour couvrir ces bavardages… On peut hausser fortement le ton si besoin est (se fâcher) mais cela doit rester exceptionnel pour avoir une portée réelle. L’enseignant débutant doit  également apprendre à poser sa voix (parler assez fort, mais pas trop pour éviter l’extinction de voix) et aussi à la moduler au cours de la discussion (hausser légèrement le ton pour signifier que ce qui est dit est important, donc envoyer des signaux auditifs aux élèves).

            Tout ceci est d’autant plus difficile pour un enseignant non titulaire car il ne reste parfois que peu de temps dans un établissement avec une même classe.

 

Prendre en compte la parole des élèves.

            Faire un cours dialogué suppose une participation orale des élèves et pose la question de comment susciter cette parole.  Il semble important d’expliquer aux élèves qu’on apprend en se trompant donc que n’importe quelle parole réfléchie est acceptable, même si la réponse n’est pas celle attendue (changer dans leur esprit le statut de l’erreur). Les élèves ont besoin d’être rassurés sur les conséquences de leur prise de parole et si l’enseignant n’arrive pas à établir une relation de confiance, sa classe restera silencieuse. Il faut aussi penser à donner du temps aux élèves pour qu’ils réfléchissent, ce que nous oublions parfois tant les réponses attendues nous semblent évidentes. Il est vrai aussi que l’enseignant est parfois pressé par le temps et souhaite avancer plus vite.

 

            Un autre problème est de comment utiliser la réponse des élèves dés lors qu’elle est rarement satisfaisante, tant dans sa forme que dans le fond. Pour ce qui concerne la forme, il est primordial d’imposer des règles de mise en forme (demander de faire une phrase complète), de faire reprendre une formulation jusqu’à ce qu’elle soit satisfaisante (pour susciter des automatismes chez l’élève), d’insister fortement sur cet aspect lors des apprentissages méthodologiques. L’élève apprend ainsi à formuler plus clairement sa pensée, ce qui garantit une bonne compréhension de son message par autrui ainsi qu’une construction correcte de l’argumentation dans le passage à l’écrit.

            Pour ce qui relève du fond, il ne faut pas attendre immédiatement la réponse souhaitée mais accepter un cheminement progressif de la classe pour y parvenir. L’enseignant peut alors demander à l’élève de formuler différemment sa réponse (par exemple en se dégageant d’un vocabulaire familier ou en donnant un exemple concret). Il faut éviter de dire d’emblée qu’une réponse est fausse mais plutôt confronter la réponse proposée avec celles des autres élèves ou montrer par un exemple ou une contradiction ce qu’implique la réponse pour que l’élève trouve lui-même l’erreur. Il semble utile de ne pas donner immédiatement la bonne réponse mais plutôt de laisser cheminer progressivement le groupe-classe vers celle-ci. Jouer sur le « trouver à plusieurs » est intéressant car c’est la manière dont la réponse a été trouvée qui va permettre son ancrage dans la mémoire des élèves (reconstruction mentale de l’échange réalisé en classe lors des révisions à la maison).

            L’enseignant doit être attentif à ne pas bloquer la parole des élèves, à ne pas s’appuyer toujours sur les mêmes élèves (aller chercher la parole qui ne vient pas spontanément, car sinon les élèves resteront « passifs », ce qui ne favorise pas l’acquisition des savoirs). Utiliser les différents apports des élèves est difficile car cela suppose d’être très attentif à ce qui se fait et se dit dans la classe. Cela n’est possible que lorsque l’enseignant arrive à se détacher du savoir à transmettre, c’est à dire le maîtrise parfaitement (savoir précisément où il va et comment, retrouver le fil de sa démonstration après une interférence). D’une certaine façon, il s’agit d’un travail d’équilibriste qui demande une concentration intense, d’où une fatigue importante après le cours.

 

Poser des repères pour les élèves.

            Animer sa classe suppose d’avoir préalablement posé les règles qui vont permettre de travailler correctement avec les élèves afin que chacun sache clairement ce qui est attendu de lui et puisse ajuster son comportement en conséquence. Ces règles  et exigences du professeur doivent être énoncées très explicitement dès le premier contact (c’est là que tout se joue, qu’une classe est prise en main), rappelées autant de fois que nécessaire même s’il faut aussi savoir leur donner une certaine souplesse selon les circonstances. Pour que les règles soient acceptées des élèves, il convient de les justifier (expliquer pourquoi on adopte tel fonctionnement), de les rendre crédibles en les faisant respecter. Par l’instauration de règles claires et justifiées s’établit un contrat de confiance entre le professeur et ses élèves.

            Lors de la mise en place d’activités en classe, il faut penser à énoncer clairement les consignes, ne pas hésiter à les reformuler pour vérifier que l’activité demandée est bien comprise (permet d’éviter les bavardages du style « qu’est-ce qu’il faut faire ? »…).

            Poser des repères, c’est aussi reprendre sa classe en main en début de séquence en rappelant le plan du cours au tableau et en vérifiant en interrogeant un élève où on s’est arrêté lors de la séquence précédente.  L’interrogation d’un élève présente de nombreux avantages : permettre à un élève absent de s’y retrouver, à un élève qui n’avait pas tout compris de mieux saisir, montrer à certains que la compréhension du cours est tout à fait accessible, souligner les points essentiels à retenir sur un cours, habituer les élèves à revoir leur cours fréquemment pour une meilleure intégration des connaissances en vue du prochain devoir, de favoriser le lien entre le cours précédent et le cours du jour… Ceci est fondamental lorsque l’on a plusieurs classes du même niveau et que l’on suit la même progression.

            Cela signifie également aider les élèves dans leur prise de notes en répétant au besoin ce qui vient d’être dit mais surtout en écrivant au tableau la structure du cours, les mots ou informations importants et en leur laissant le temps de comparer leurs notes avec la trace inscrite au tableau.

 

Quels supports pour faire cours ?

 

            Il est important de mobiliser des supports différents, même dans le cadre court d’une séquence afin de diversifier les activités et de stimuler l’attention des élèves. De même, il convient de varier les méthodes pédagogiques (déductive, inductive) car les modes d’acquisition des connaissances diffèrent selon les élèves (élèves à mémoire visuelle, ou au contraire auditive…).

 

Le professeur, acteur principal : Le professeur est en quelque sorte lui-même un support dès lors que l’on peut considérer qu’une séquence de cours correspond à un acte d’une pièce de théâtre. Chacun fait cours avec sa personnalité, ses capacités personnelles. Il semble important de ne pas être statique (organiser l’espace classe de façon à pouvoir s’y déplacer ; pouvoir passer derrière les élèves pour vérifier leur travail, apprendre à travailler debout ou se lever régulièrement (meilleure visibilité de la classe = fonction de surveillance/écoute de l’ambiance ; plus d’efficacité). Il faut aussi travailler avec sa voix, hausser le ton à certain moment pour re-capter l’écoute ou pour insister sur des points importants (signal de prise de note).

Le tableau : un support fondamental qui doit absolument être utilisé: y rappeler le plan pour bien se remettre en phase avec les élèves d’une séquence sur l’autre (ce qui est fait, ce qui reste à faire), y inscrire le vocabulaire important, les noms des auteurs, y présenter des schémas, une démonstration, un exemple chiffré, y corriger un exercice, l’utiliser comme support de la prise de notes. L’utilisation du tableau par l’enseignant rassure les élèves car cela leur donne des repères visuels. Le professeur doit apprendre à écrire clairement pour être lisible, et vite pour ne pas trop tourner le dos à sa classe (d’où l’intérêt d’autres supports comme le rétroprojecteur ou le vidéoprojecteur).

Le manuel ou le document polycopié : On peut l’utiliser pour un travail préalable à préparer à la maison avec correction collective en classe, mais aussi en cours de séquence. Il est important de faire lire un élève à voix haute car cela permet de repérer des problèmes de vocabulaire ou de compréhension, et d’y remédier.

Le rétroprojecteur  et les transparents: les raisons de son utilisation ainsi que sa fréquence sont variables selon les enseignants. Ce support se prête bien à la présentation du plan, à l’explicitation des schémas, au commentaire de tableaux statistiques. Il peut permettre aussi à un élève de présenter à la classe un travail personnel.

La vidéo : c’est un support que les élèves apprécient car ils ont besoin de faire moins d’efforts de compréhension. Si l’extrait présenté est très court, on peut se contenter de poser la ou les questions au début  de la visualisation ou à la fin. Si le film est plus long et riche, il semble utile de souligner au départ les points auxquels être attentifs ou de demander de prendre des notes pendant le visionnage. On peut aussi distribuer avant le visionnage des questions que les élèves vont lire avant de voir le film ou le documentaire,  ou encore  stopper la visualisation pour introduire un commentaire. Certains documents intéressants étant souvent assez longs (film ou émission TV), il peut être utile de prévoir un montage des extraits essentiels en n’oubliant pas la réglementation concernant l’utilisation de l’image (en parler avec l’intendante, le professeur documentaliste). Pour des informations complémentaires : http://automne-ses.ac-toulouse.fr/automne_modules_files/standard/public/p597_08d5b3116a3619cad9a91c4069f5f442essentiel.doc

Le Tableau Blanc Interactif (TBI) est un dispositif qui associe le tableau et l'ordinateur. L'image de l'ordinateur est projetée sur un support interactif (à la manière d'une tablette graphique géante), ce qui permet de manipuler au tableau des logiciels, d'écrire de compléter des schémas et de mobiliser des ressources très variées (texte, tableur, image, son, vidéo, etc...). Plus d"information sur l'utilisation du TBI en SES (http://www2.educnet.education.fr/sections/ses/pratiques/tbi/ : une vidéo sur l'utilisation du TBI en SES et des comptes rendus d'utilisation en SES - source : EDUCNET) et le TBI en général (http://crdp-montpellier.fr/cd48/tbi/ - CRDP de Montpellier).

Les TICE : ces support se prêtent bien à la recherche documentaire (logiciel BCDI, CD ROM tels celui du TEF par l’Insee, celui de la revue Alternatives économiques, celui de L’actualité en revue par la documentation française, Internet) et au traitement des informations collectées mais aussi comme support de production des élèves (utilisation du traitement de textes, de certains logiciels de présentation, construction d’un site Web). Le professeur peut aussi laisser des exercices à disposition des élèves sur le site de son établissement ou sur Argos ce qui leur permet un travail en autonomie.

Argos est un espace numérique de travail (ENT) sur internet qui associe :

- un bureau virtuel (un porte-documents individuel sur internet),

- des outils de communication (messagerie, forum),

- le partage et la publication de documents,

- l'accès à des ressources numériques (encyclopédies ...). 

Argos est un univers individualisé et fermé accessible depuis n'importe quel poste sur Internet avec un simple navigateur. Cet outil permet de mettre en oeuvre des activités pédagogiques diverses (forum de révision, parcours individualisés de remédiation, aides à la recherche documentaire) en mobilisant la richesse et la variété des supports multimédias (documents en couleur, images, sons, vidéos…). Il peut être utilisé en classe, ou en prolongement du cours, avant ou après la classe.

Pour des informations complémentaires sur Argos voir le site du CATICE http://catice.ac-bordeaux.fr/

L’utilisation du portable et du vidéo projecteur en classe permet de renforcer l’attention des élèves et leurs participations. En effet, le professeur est libéré de l’écriture au tableau et peut ainsi être plus disponible pour le contrôle de l’activité des élèves et de son discours.

Les personnes-ressources : faire intervenir quelqu’un dans sa classe ou organiser une conférence en médiathèque sur un thème donné est aussi un outil intéressant qui permet d’aborder les connaissances différemment. Cela peut permettre aux élèves de rencontrer des scientifiques spécialisés sur un thème, ou encore de faire intervenir des associations. L’option Sciences politiques ou l’ECJS sont particulièrement propices à ce type de démarche. On peut aussi plus modestement demander à un ou des élèves de présenter un travail oralement (exposé sur un thème donné).

Les sorties pédagogiques sont aussi élément de motivation des élèves et favorisent leur apprentissage (visite d’entreprise, rencontre avec un élu, assister à une séance au tribunal…).

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Académie de Bordeaux - Inspection pédagogique régionale de Sciences économiques et sociales - novembre 2005

Pages réalisées par Anne Cazaux, Muriel Dagens et Eric Duclos, professeurs de Sciences économiques et sociales.

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