COLLOQUE "LE CITOYEN ET LA POLITIQUE" - BRIVE


 

Deux sites à consulter :

http://perso.libertysurf.fr/centremichelet/page2.html
Le site du Centre
d'études Edmond Michelet à l'origine du Colloque.

http://www.inext.fr/abonnes/aphglim/Actualit%C3%A9s/ColloqueBrive.htm

PROGRAMME :

  • Samedi 20 octobre :
    9 heures :
    - Ouverture du colloque par Bernard MURAT sénateur de la Corrèze, maire de Brive-la-Gaillarde
    - Présentation du colloque par Dominique BORNE, inspecteur général de l'éducation nationale président du Centre d'études Edmond Michelet

    9 heures 30 : "LE CITOYEN ET LA POLITIQUE : HISTOIRE"
    René RÉMOND de l'Académie française, président de la Fondation nationale des Sciences politiques, Marie-Claude BLANC-CHALEARD ma”tre de conférence à l'université d'Orléans-Tours, M. Philippe BOUTRY professeur à l'université de Paris XIII, Pierre MONNET directeur de la Mission historique française en Allemagne

    14 heures : "LE CITOYEN ET LA POLITIQUE : FINALITÉS ET ENJEUX D'UNE éDUCATION à LA CITOYENNETÉ"
    Liliane KERJAN rectrice de l'Académie de Limoges, Jean-Louis NEMBRINI inspecteur général de l'éducation nationale doyen du groupe histoire et géographie.

    14 heures 30 : Claude NICOLET de l'Institut, professeur honoraire à la Sorbonne, Jacqueline COSTA-LASCOUX directrice de recherche au CNRS (CEVIPOF), Gérard GONFROY professeur d'Université, directeur de l'IUFM du Limousin et président de la Conférence des directeurs d'IUFM, Jean-François NYS professeur à l'université de Limoges


  • Dimanche 21 octobre
    9 heures : " LE CITOYEN ET LA POLITIQUEÊ : UN NOUVEAU CONTRAT ?"
    Robert SAVY président du conseil régional du Limousin Bruno BOURG-BROC député-maire de Ch‰lons-en-Champagne, Anicet LE PORS ancien ministre, conseiller d'Etat, Bernard POIGNANT député européen, Jean-Louis POIRIER inspecteur général de l'éducation nationale de philosophie.

    Le colloque, inscrit au plan national de formation de l'éducation nationale, est soutenu par la ville de Brive-la-Gaillarde, le conseil régional du Limousin, l'académie de Limoges, l'IUFM du limousin et la Chambre de commerce et d'industrie du Pays de Brive. Direction scientifiqueÊ: Dominique BORNE, Organisation : Centre Edmond Michelet
    (contact Françoise GERMANE) 4, rue Champanatier 19100 BRIVE-LA-GAILLARDE
    Tél. 05 55 74 06 08  

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Compte-Rendus

  • Présentation et Intervention de René Rémond (Télécharger au format .rtf)

Ce week-end était organisé à Brive-la-Gaillarde un colloque intitulé "Le Citoyen et la Politique" par le Centre Edmond Michelet, dont D. Borne (IG) est le président.

C'était en fait le XXVI° Colloque du centre, comme on pouvait le lire dans le journal de l'association "Compagnons de la fraternité Edmond Michelet".

D. Borne a indiqué que le colloque de cette année, inscrit au Plan national de Formation, s'ouvrait à d'autres personnes (en majorité des enseignants) que les habitués du Centre et qu'il avait souhaité que ce colloque soit un croisement entre universitaires, chercheurs et hommes politiques.

L'I.G. a également exprimé le souhait que Brive devienne le Blois ou le St-Dié de "l'éthique" (plutôt que de l'éducation civique). Toujours affaire de sémantique, D. Borne a rappelé que l'éducation civique au Lycée s'appelait à tort ECJ... S pour sociale alors qu'il aurait été préférable de l'appeler ECJ... P pour politique

De politique, il en fut grandement question lors de cette journée, où les intervenants nous ont exhorté à parler davantage d'actualité et de politique dans nos cours.

 

René Rémond a ouvert le colloque avec une intervention rappelant l'évolution des relations citoyen/politique.

Cette relation s'impose à tous, volens nolens, elle est universelle et pérenne, sans être figée : elle évolue selon la nature des régimes et l'intensité de la vie politique.

Les états successifs de cette relation laissent des traces dans la mémoire collective et modèlent les jugements et les comportements. D'où la nécessité de faire un rappel historique.

Jusqu'où remonter ? Pour René Rémond la Révolution Française est une rupture. De l'opinion publique on passe à la citoyenneté. C'est une spécificité française. La Révolution Française a apporté deux nouveautés :

- l'institution d'un gouvernement d'opinion : le citoyen devient acteur du jeu politique, il est appelé à participer : c'est affaire de morale, le "bon" citoyen doit participer à la vie politique. C'est ainsi qu'en France on a conservé la conviction que la chose politique est importante (d'où l'attachement au droit de vote), même si la pratique est variable.

- la Révolution Française a créé un ordre nouveau ; un ordre politique distinct, voire supérieur à la société civile. Le citoyen est un être de Raison. C'est ce caractère abstrait qui fait sa grandeur. C'est une étape capitale de la construction de la société que celle qui fait du citoyen le fils de la Raison et de la volonté politique.

Il n'existe pas de corps, de catégorie à l'intérieur de l'ordre politique. René Rémond rappelle ainsi que dans ce cadre, la parité remet en question cet ordre et qu'il faut trouver un juste équilibre face à l'envahissement actuel de la société civile dans la sphère de l'ordre politique.

 

La pratique de la citoyenneté a varié : par ex. la République Française distinguait les citoyens actifs des passifs. Ces conditions restrictives ont disparu alors que s'affirmaient d'autres libertés facilitant la pratique citoyenne : liberté de la presse, liberté d'association (pourtant en rupture avec la République Française qui se défiait des groupements et des corps intermédiaires)... il faut donc éclairer le citoyen pour qu'il exerce son droit en toute connaissance de cause.

Tous les régimes politiques ont contribué à l'apprentissage de la vie de citoyen, même le II Empire. L'apogée se situe sous la III République avec l'articulation enseignement/politique. La mission de l'Ecole est la formation du citoyen.

L'Ecole lui apprend à se situer dans le temps et l'espace et à lui "inculquer" des notions et des sentiments. L'Ecole joue donc un rôle primordial pour l'apprentissage de la citoyenneté.

Le citoyen doit contribuer au fonctionnement de la Société en participant financièrement, en effectuant la conscription et par l'existence du jury populaire. René Rémond regrette la disparition de la conscription comme exercice de la citoyenneté.

Quant à la participation politique, il rappelle que la participation électorale n'a cessé d'augmenter depuis la III Rép et qu'on a atteint des sommets sous la V°. Aujourd'hui il y a consensus sur la délégation du pouvoir par le peuple souverain, le problème réside dans l'effondrement de l'adhésion partisane. Il existe une crise de la représentation : on ne se satisfait plus du SU (comme c'était le cas sous la IV°), on souhaite davantage de représentation.

En conclusion, quelques réflexions sur rapport Citoyenneté/Enseignement. L'école n'est plus un sanctuaire (c'est un lieu de divisions). Les enseignants ne sont pas préparés à enseigner la citoyenneté. La conception de la neutralité est trop frileuse, voire négative. Il faut apprendre aux élèves ce que c'est que la politique, car qui le fera si ce n'est l'Ecole ?

Expliquer que faire de la politique c'est prendre des décisions, faire des choix et que cela peut diviser (c'est dans la nature de la politique).

Il faut également parler de l'actualité, du présent. Pour RR, on en reconstruira une citoyenneté qu'avec des enseignants qui aborderont de front la politique.

 

Après l'intervention de l'historien, Dominique Borne souligne trois points :

- Aujourd'hui la personne ("société civile") envahit le citoyen, alors que la citoyenneté doit transcender la personne.

- La citoyenneté se pratique

- La crise de la représentation ne remet pas en cause le consensus sur les principes de la démocratie et de la République.

On ne peurt que se réjouir de cette mise avant du politique et du recentrage du mot citoyenneté qui ne doit pas se confondre avec la civilité.

P. Mallard

Professeur d'Histoire-Géographie

 


Intervention de Pierre Monnet (directeur de la Mission historique française en Allemagne) :
Citoyens et Politique à l’époque médiévale ?
(Télécharger au format .rtf)

 

Pierre Monnet (directeur de la Mission historique française en Allemagne)
Citoyens et Politique à l'époque médiévale ?

Pierre Monnet à travers un exposé dense et exaltant nous montre une société médiévale bien éloignée des images d'Epinal, et dont les interrogations sur la place du citoyen et de la politique étaient bien présentes.
Ces images d'un monde où l'organisation politique dominante est celle d'une monarchie sous l'emprise universelle de Dieu, où les corps et les ordres dominent la société (par opposition à l'idéal éclairé de pacte, de contrat) sont, en effet, très loin de décrire la réalité politique de cette période. Comme l'affirme l'historien, on rencontre dans les sources médiévales des assemblées, diètes, conseils, conciles, des républiques, des papes élus, et des philosophes qui s'interrogent - déjà ! - sur la communauté des citoyens, sur la séparation des pouvoirs…
La notion de bien commun était donc bien tangible et la Révolution Française ne serait pas le point de départ de l'existence d'une conscience citoyenne.

L'image de la Cité idéale est incarnée par Rome et Jérusalem par opposition à la Babylone du péché et du chaos (cf. Ancien et Nouveau Testament " et toute la ville sortit à la rencontre de Jésus " Mathieu VIII 34). Il existe une correspondance entre la cité céleste, peuplée d'anges et la cité terrestre (la civitas) peuplée de citoyens, une correspondance entre la législateur divin et humain. Dans les écrits, dans la pensée chrétienne cf les Pères de l'Eglise on retrouve une équivalence entre chrétiens et citoyens. En 1433, Nicolas le Cusain évoque l'idée de contrat continu entre les citoyens : la personne est transcendée par le citoyen, reprise d'un héritage antique qui établit la concordance entre l'homme bon et le bon citoyen. (Qui non est civis non est homo).
Une notion centrale est celle " d'Universitas " : elle désigne les paroisses, les états, les corps de métier, … avec comme prolongement les notions de majorité et de concertation. Par exemple, dans les synodes on débat sur la meilleure manière d'élire un évêque.
Et P. Monnet de rappeler que la pratique de l'élection n'a jamais été abandonnée au Moyen-Age (l'acclamation du roi, le choix de l'empereur participent à la conservation du principe de l'élection). Ainsi, il existe un lien permanent entre formation d'une communauté et notion de représentation.

Quant au bien commun, il est présent chez tous les penseurs. On retrouve l'idée d'un espace qui regroupe une communauté (" maï ", que l'on retrouve dans la racine indo-européenne du mot commun, désigne les murs qui structurent la communauté). Au " maï " s'ajoute le " kaï " de civis : le proche, le connu, le sédentaire. Ces deux racines se combinent : à l'intérieur de l'espace, il existe un signe d'appartenance des individus à la communauté.
Le bien commun est à la fois une mesure de toute action politique (une valeur sociale et caritative par ex. les hôpitaux) et une éthique politique (respecter le bien commun pour légitimer et limiter un pouvoir) : C'est une sorte de " Déclaration des Droits de l'Homme " qui agit à trois niveaux : légitimation, obligation et limitation du pouvoir s'un souverain (notion de bon roi).

Cette construction du bien commun porte deux prolongements :
· La séparation du collectif et de l'individuel - il n'existe pas au Moyen-Age de séparation public/privé - se lit par exemple dans la représentation du roi (le corps du roi meurt, mais le Roi ne meurt jamais)
· La tentative de définir un citoyen conforme. En dehors de l'Eglise et du Royaume, le bien commun s'incarne dans la Cité. La Cité est le lieu de résolution des conflits, elle repousse au-delà des remparts le règne du chaos et de la violence.

Le Moyen-Age est une société d'ordres dont les ordres sociaux génèrent un ordre supérieur. Pour l'historien, la pensée politique médiévale a appliqué l'idéal chrétien de l'amour au champ civique : le lien politique et social est décrit sur le registre de la fraternité et de la charité.

Et de conclure par cette phrase empruntée à P. Ricoeur, " ce n'est pas à l'historien, mais bien au citoyen de militer contre l'oubli " … en écho, D. Borne ajoute que l'histoire ne donne pas de leçons, l'Histoire est en nous et souligne le manque de symbolique aujourd'hui à la différence du Moyen-Age.

Groupe TICE Histoire-Géographie - Académie de Bordeaux

 

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actualisé le 10/XII/2001