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http://perso.libertysurf.fr/centremichelet/page2.html http://www.inext.fr/abonnes/aphglim/Actualit%C3%A9s/ColloqueBrive.htm PROGRAMME :
Ce week-end était organisé à Brive-la-Gaillarde un colloque intitulé "Le Citoyen et la Politique" par le Centre Edmond Michelet, dont D. Borne (IG) est le président. C'était en fait le XXVI° Colloque du centre, comme on pouvait le lire dans le journal de l'association "Compagnons de la fraternité Edmond Michelet". D. Borne a indiqué que le colloque de cette année, inscrit au Plan national de Formation, s'ouvrait à d'autres personnes (en majorité des enseignants) que les habitués du Centre et qu'il avait souhaité que ce colloque soit un croisement entre universitaires, chercheurs et hommes politiques. L'I.G. a également exprimé le souhait que Brive devienne le Blois ou le St-Dié de "l'éthique" (plutôt que de l'éducation civique). Toujours affaire de sémantique, D. Borne a rappelé que l'éducation civique au Lycée s'appelait à tort ECJ... S pour sociale alors qu'il aurait été préférable de l'appeler ECJ... P pour politique De politique, il en fut grandement question lors de cette journée, où les intervenants nous ont exhorté à parler davantage d'actualité et de politique dans nos cours.
René Rémond a ouvert le colloque avec une intervention rappelant l'évolution des relations citoyen/politique. Cette relation s'impose à tous, volens nolens, elle est universelle et pérenne, sans être figée : elle évolue selon la nature des régimes et l'intensité de la vie politique. Les états successifs de cette relation laissent des traces dans la mémoire collective et modèlent les jugements et les comportements. D'où la nécessité de faire un rappel historique. Jusqu'où remonter ? Pour René Rémond la Révolution Française est une rupture. De l'opinion publique on passe à la citoyenneté. C'est une spécificité française. La Révolution Française a apporté deux nouveautés : - l'institution d'un gouvernement d'opinion : le citoyen devient acteur du jeu politique, il est appelé à participer : c'est affaire de morale, le "bon" citoyen doit participer à la vie politique. C'est ainsi qu'en France on a conservé la conviction que la chose politique est importante (d'où l'attachement au droit de vote), même si la pratique est variable. - la Révolution Française a créé un ordre nouveau ; un ordre politique distinct, voire supérieur à la société civile. Le citoyen est un être de Raison. C'est ce caractère abstrait qui fait sa grandeur. C'est une étape capitale de la construction de la société que celle qui fait du citoyen le fils de la Raison et de la volonté politique. Il n'existe pas de corps, de catégorie à l'intérieur de l'ordre politique. René Rémond rappelle ainsi que dans ce cadre, la parité remet en question cet ordre et qu'il faut trouver un juste équilibre face à l'envahissement actuel de la société civile dans la sphère de l'ordre politique.
La pratique de la citoyenneté a varié : par ex. la République Française distinguait les citoyens actifs des passifs. Ces conditions restrictives ont disparu alors que s'affirmaient d'autres libertés facilitant la pratique citoyenne : liberté de la presse, liberté d'association (pourtant en rupture avec la République Française qui se défiait des groupements et des corps intermédiaires)... il faut donc éclairer le citoyen pour qu'il exerce son droit en toute connaissance de cause. Tous les régimes politiques ont contribué à l'apprentissage de la vie de citoyen, même le II Empire. L'apogée se situe sous la III République avec l'articulation enseignement/politique. La mission de l'Ecole est la formation du citoyen. L'Ecole lui apprend à se situer dans le temps et l'espace et à lui "inculquer" des notions et des sentiments. L'Ecole joue donc un rôle primordial pour l'apprentissage de la citoyenneté. Le citoyen doit contribuer au fonctionnement de la Société en participant financièrement, en effectuant la conscription et par l'existence du jury populaire. René Rémond regrette la disparition de la conscription comme exercice de la citoyenneté. Quant à la participation politique, il rappelle que la participation électorale n'a cessé d'augmenter depuis la III Rép et qu'on a atteint des sommets sous la V°. Aujourd'hui il y a consensus sur la délégation du pouvoir par le peuple souverain, le problème réside dans l'effondrement de l'adhésion partisane. Il existe une crise de la représentation : on ne se satisfait plus du SU (comme c'était le cas sous la IV°), on souhaite davantage de représentation. En conclusion, quelques réflexions sur rapport Citoyenneté/Enseignement. L'école n'est plus un sanctuaire (c'est un lieu de divisions). Les enseignants ne sont pas préparés à enseigner la citoyenneté. La conception de la neutralité est trop frileuse, voire négative. Il faut apprendre aux élèves ce que c'est que la politique, car qui le fera si ce n'est l'Ecole ? Expliquer que faire de la politique c'est prendre des décisions, faire des choix et que cela peut diviser (c'est dans la nature de la politique). Il faut également parler de l'actualité, du présent. Pour RR, on en reconstruira une citoyenneté qu'avec des enseignants qui aborderont de front la politique.
Après l'intervention de l'historien, Dominique Borne souligne trois points : - Aujourd'hui la personne ("société civile") envahit le citoyen, alors que la citoyenneté doit transcender la personne. - La citoyenneté se pratique - La crise de la représentation ne remet pas en cause le consensus sur les principes de la démocratie et de la République. On ne peurt que se réjouir de cette mise avant du politique et du recentrage du mot citoyenneté qui ne doit pas se confondre avec la civilité. Professeur d'Histoire-Géographie
Intervention
de Pierre Monnet (directeur de la Mission historique française
en Allemagne) :
Pierre
Monnet (directeur de la Mission historique française en Allemagne) Pierre
Monnet à travers un exposé dense et exaltant nous montre
une société médiévale bien éloignée
des images d'Epinal, et dont les interrogations sur la place du citoyen
et de la politique étaient bien présentes.
L'image de la Cité idéale est incarnée par Rome
et Jérusalem par opposition à la Babylone du péché
et du chaos (cf. Ancien et Nouveau Testament " et toute la ville
sortit à la rencontre de Jésus " Mathieu VIII 34).
Il existe une correspondance entre la cité céleste, peuplée
d'anges et la cité terrestre (la civitas) peuplée de citoyens,
une correspondance entre la législateur divin et humain. Dans
les écrits, dans la pensée chrétienne cf les Pères
de l'Eglise on retrouve une équivalence entre chrétiens
et citoyens. En 1433, Nicolas le Cusain évoque l'idée
de contrat continu entre les citoyens : la personne est transcendée
par le citoyen, reprise d'un héritage antique qui établit
la concordance entre l'homme bon et le bon citoyen. (Qui non est civis
non est homo). Quant
au bien commun, il est présent chez tous les penseurs. On retrouve
l'idée d'un espace qui regroupe une communauté ("
maï ", que l'on retrouve dans la racine indo-européenne
du mot commun, désigne les murs qui structurent la communauté).
Au " maï " s'ajoute le " kaï " de civis
: le proche, le connu, le sédentaire. Ces deux racines se combinent
: à l'intérieur de l'espace, il existe un signe d'appartenance
des individus à la communauté. Cette
construction du bien commun porte deux prolongements : Le Moyen-Age est une société d'ordres dont les ordres sociaux génèrent un ordre supérieur. Pour l'historien, la pensée politique médiévale a appliqué l'idéal chrétien de l'amour au champ civique : le lien politique et social est décrit sur le registre de la fraternité et de la charité. Et de conclure par cette phrase empruntée à P. Ricoeur, " ce n'est pas à l'historien, mais bien au citoyen de militer contre l'oubli " en écho, D. Borne ajoute que l'histoire ne donne pas de leçons, l'Histoire est en nous et souligne le manque de symbolique aujourd'hui à la différence du Moyen-Age. Groupe
TICE Histoire-Géographie - Académie de Bordeaux
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