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Voyage
en Castille des 2ndes du Lycée Jacques Monod de Lescar
Par Mélanie Dansou
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En
cette belle année 2006 les secondes du lycée Jacques Monod de
Lescar ont été pris d’un désir « fou » d’aller marcher sur les
pas du plus grand de tous les hidalgos le fameux "Don Quijote
de la Mancha". Pour ce faire, ils ont eu besoin d’un serviteur,
à la hauteur du grand Sancho Panza, en la personne de leur professeur
d’espagnol, Madame Dansou, accompagnée dans sa noble tâche par
messieurs Priou et Elichondoborde. Et nous voilà tous fièrement
partis à l’aventure avec une première halte à Ségovie.
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En
arrivant à Séovie... nous sommes frappés par la beauté et la taille
de son aqueduc. Il affiche fièrement en plein centre de
la vieille ville ses 728 mètres de long et ses 166 arches de granit.
Cet aqueduc amène toujours en ville les eaux du Riofrio, dont
la source est à 17 kilomètres.
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La
promenade continue de par les rues «del casco antiguo», c'est-à-dire
la vieille ville. Nous traversons la judería (la juiverie).
Les juifs ont longtemps vécu en Espagne et ont marqué la Péninsule
de leur culture. Ils vécurent en grande harmonie avec les musulmans
jusqu’au décret d’expulsion de 1492 signé par Isabelle la Catholique.
Nous arrivons aux portes de la cathédrale gothique de Ségovie.
L’ensemble est imposant, la patine dorée et chaude et les éléments
décoratifs, pinacles, arcs-boutants, finement travaillés.
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Nous
voilà au sommet de notre château-fort admirant la belle
contrée de Ségovie. Mais le voyage commençait à avoir raison même
des plus vaillants, c’est pourquoi il était temps de rejoindre
nos hôtes. En effet nous avons dormi chez des familles d’accueil
et ce durant trois nuitées. L’immersion linguistique et culturelle
ne pouvait être plus enrichissante.
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Le
deuxième jour de notre périple nous entraîne dans les rues de
la grande Tolède, la Cité des trois cultures ( chrétienne, musulmane
et hébraïque ) qui est aussi la ville aux mille églises. Le principal
point d’accès à la cité est la puerta de Bisagra (d’origine
arabe). Elle comporte deux corps et une cour centrale. Elle fut
transformée au cours du règne de Charles Quint, époque
à laquelle fut installé sur l’arc d’entrée l’écu de la ville,
le gigantesque aigle bicéphale ornant le blason impérial.
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Nous continuons
notre promenade dans les rues de Tolède, nous faisons une halte
prolongée devant la Cathédrale, un ouvrage gothique extraordinaire.
Nous observons avec attention ses trois portes dites de l’Enfer,
du Pardon et du Jugement.
Notre aventure nous amène devant l’église Santo Tomé qui
abrite dans une de ses dépendances le célèbre tableau du Greco
: " L’enterrement du comte d’Orgaz ".
Ce tableau reprend la légende d’un noble tolédan du nom de Gonzalo
Ruiz de Toledo, señor de Orgaz, qui, après avoir passé sa vie
à faire des offrandes à l’église de Santo Tomé, aurait demandé
à se faire enterrer dans cette même église. Le jour de ses obsèques,
en 1323, St Etienne et St Augustin descendirent pour l’ensevelir
de leurs propres mains, en reconnaissance de ses œuvres de bienfaisance.
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Par testament,
les habitants d’Orgaz devaient donner à la paroisse et
à ses pauvres chaque année : 2 veaux, 16 poules, 2 outres de vin,
2 charges de bois et 800 maravedis. Comme ils avaient passé 2
ans sans s’acquitter de leur dette, le curé de Santo Tomé, don
Andrés de Nuñez de Madrid, leur intenta un procès qu’il gagna
en 1570. C’est pour commémorer cette victoire que l’évêque autorisa
l’exécution du tableau.
Ce tableau se divise en 2 parties : le monde terrestre et le
monde céleste. Dans la partie céleste se trouve représenté
l’enterrement du comte d’Orgaz, avec les 2 saints le mettant en
terre. Autour d’eux une assemblée de notables tolédans, tous identifiés.
Le lien entre les 2 mondes se fait grâce à la montée de l’âme
du comte tolédan au ciel. Là l’accueillent la Vierge et St Jean-Baptiste
et au-dessus d’eux, le Christ. Le message de la peinture serait
le suivant : les œuvres de charité seraient une condition indispensable
à la salvation éternelle.
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Nous arrivons
à Madrid, bien décidés à conquérir la ville et à s’enivrer de
sa culture. Mais nous ne pouvions oublier le récent passé de la
ville, c’est pourquoi notre première visite est dédiée à la gare
d’Atocha où le 11 mars 2003 eurent lieu les attentats terroristes
faisant des milliers de morts.
La visite du matin était consacrée au Musée Reina Sofia.
Cet ancien hôpital abrite les chefs d’œuvre des grands génies
de l’avant-garde espagnole avec, en tête, Picasso, Miró et
Dalí. Entres autres tableaux se détache le grandiose "
Guernica " de Picasso. Ce tableau fut livré au pavillon
espagnol de l’exposition universelle de 1937. Les grandes
dimensions du tableau (349.3 x 776.6 cm) répondent à un souci
de visibilité : la barbarie du bombardement du 26 avril 1937 doit
être dénoncée efficacement.
La guerre civile espagnole éclate le 18 juillet 1936. Guernica
est une petite ville de la province basque de Biscaye.
Le Pays Basque forme le front nord d’opposition aux" franquistes",
armée de Franco. L’aviation de la légion Condor soutient les troupes
au sol, espagnoles et italiennes. Le jour du bombardement Guernica
est particulièrement peuplé : de nombreux réfugiés des environs
sont venus dans l’espoir de pouvoir fuir en train, par ailleurs
c’est jour de marché. Les premières bombes explosent à 16h30.
Les derniers avions quittent le ciel de Guernica vers 19h. Les
50 appareils de la légion Condor ont lâché 50 tonnes de bombes
incendiaires, et fait plus de 1800 morts.
Picasso fut informé par voie de presse (il vivait alors en France)
ce qui pourrait expliquer le pelage du cheval fait de petits traits
serrés, réguliers et alignés qui rappelle les caractères typographiques.
Le cheval, placé au centre de la composition, symbolise, des dires
même du peintre, le peuple. La liberté est mourante. Le taureau
est un symbole de la force brute. La fleur est unique mais présente
au centre de la composition comme une lueur d’espoir.
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Nous nous restaurons de façon plutôt champêtre puisque nous pique-niquons
dans les jardins du buen retiro.
Ensuite direction le Museo del Prado.
Si le " Reina Sofia " était consacré à l’art
moderne, le Prado, lui, réunit la collection la plus complète
du monde de peinture espagnole, du XIème jusqu’au XVIIIème
siècles. Des peintres d’importance universelle comme Le Greco,
Ribera, Zurbarán, Vélasquez, Murillo, Goya, Van Der Weyden, Bosch,
Titien ou Rubens sont représentés. Un des tableaux les plus
fascinants de ce musée reste tout de même l’extraordinaire : "
Les ménines de Diego Vélasquez " .
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Le mot « ménine »
est d’origine portugaise et signifie « un page d’extraction noble ».
Il y eut beaucoup d’analyses écrites sur ce tableau mais, récemment,
la conservatrice du Prado, Manuela Mena Marquez, aurait
découvert, sur la même toile, deux versions successives du Tableau
de la famille (titre original), et ce, grâce à des radiographies.
Dans la première le peintre et son châssis étaient absents, à
sa place un jeune homme tourné vers l’infante Margarita
et lui présentant un bâton de commandement. Il s’agissait donc
là d’un tableau public et officiel. En l’absence d’héritier mâle
Margarita avait été désignée comme l’héritière du trône. Ce tableau
constitue alors la mémoire de cette décision considérable. Puis,
en novembre 1657, naquit Felipe Prospero, qui devint
l’héritier mâle du trône. Le message dynastique du tableau est
périmé. C’est alors que l’œuvre publique devient un tableau privé
et le portrait dynastique un capricho courtisan. En s’introduisant
dans le tableau, Vélasquez célèbre sa propre gloire et celle de
la peinture.
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Après cette
incartade culturelle, rien ne vaut une promenade au gré des rues
de la grande Madrid.
En passant par la Plaza Mayor, nous voilà arrivés à la
Puerta del Sol. Là se trouve la Casa de Correos
couronnée par une horloge à 4 sphères qui, le soir de la St Sylvestre,
sonne les 12 coups de minuit pour tous les madrilènes qui s’empressent
de manger leurs 12 grains de raisin. Devant l’édifice, on peut
voir sur le sol le kilomètre zéro, d’où partent toutes les routes
radiales espagnoles. Sur cette même place on peut admirer 3 magnifiques
statues : Vénus (que les madrilènes ont surnommé la Mariblanca),
le roi Charles III, le « maire » préféré des madrilènes
et surtout les emblèmes de la ville de Madrid : l’ours et l’arbousier
( El Oso y el Madroño ). Le surnom de ville de l’ours et
de l’arbousier semble dater du XIIIème siècle, époque où
la ville était entourée de forêts d’arbousiers et d’ours. Pour
la petite histoire, l’ours ne serait pas un mâle mais une femelle
selon les manuscrits de l’époque. La journée prit fin à Madrid
après un quartier libre bien mérité pour nos aventuriers.
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L’aventure
touchait à sa fin ...
et avec elle, la recherche de l’ «inaccessible étoile» tels des
don Quijote en herbe.
Mais finalement le simple fait de visiter un village comme celui
de Pedraza où le temps semble s’être arrêté, n’est-ce pas
cela le bonheur ? Ce village médiéval à 38km de Ségovie,
fut, jadis, la prison de François 1er. Il a également servi
de nombreuses fois de décors pour les cinéastes.
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Le pique-nique
se déroula dans un cadre idyllique, le parc naturel " Hoces
del Duraton ", l’une des plus grandes réserves de vautours
d’Europe, surplombé d'un ermitage du XIIème siècle.
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Voilà c’est
fini, les aventuriers sont rassasiés de souvenirs, de culture
et d’instants de bonheur. Ce voyage en Castille laissera
des traces impérissables pour tous ces élèves. J’espère que, comme
eux, vous avez suivi ce voyage comme une quête, celle de la culture,
celle de la tradition, celle des valeurs comme l’avait fait avant
nous un certain don Quichotte… Hasta luego!…
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réf
: webj/articles/lavieaulycee/dansou_melanie1
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