Lycée - Année scolaire 2007-2008 - Rencontres 7° Art - Eugène Green :

Voyage en sol majeur

Les amitiés maléfiques

La consultation

Le dernier des fous

Eugène Green (rencontre)

La dernière journée

Les femmes du Mont Ararat

Dans Paris

Lady Chatterley


Rencontre avec Eugène Green, artiste protéiforme

C. Lanave et V.Campagna

 


Hier après-midi, la bibliothèque de Jurançon a accueilli le réalisateur Eugène Green, avec qui nous avons pu discuter en dehors d'une salle de cinéma. Lundi dernier, il nous a présenté son dernier court-métrage Les Signes et il nous en a reparlé le temps de cette rencontre. Nous avons constaté que l'art baroque a marqué sa façon de vivre, de penser, et de s'exprimer et cette esthétique se retrouve dans ses oeuvres. C'est un personnage très cultivé et qui défend une conception du cinéma à laquelle il accorde une très grande importance. Il a été récompensé par le prix Louis Delluc pour son film Toutes les nuits. Il nous est apparu comme un artiste vraiment à part.

Quelles sont vos origines? D'où venez-vous?
Né aux Etats-Unis que je considère comme une terre " barbare ", je ne me reconnais pas dans cette civilisation que je juge sans langue. J'essaie très vite de m'en éloigner; donc, après un passage au Royaume-Uni, j'ai découvert la langue française, et j'avais l'impression de l'avoir déjà connue auparavant. Contrairement à ce qui a été dit, je n'ai jamais fait d'études de philosophie ni de peinture, il me semble avoir passé un diplôme d'histoire des arts et de lettres grâce auquel j'ai pu rencontrer le philosophe Louis Marin. J'ai fondé la compagnie dramatique du Théâtre de la Sapience. Après cela, j'ai passé vingt années de ma vie à des travaux de recherches à la bibliothèque nationale, à lire et à voyager pour m'enrichir sur la civilisation et le théâtre baroque. Cependant en 2001, à cause d'hostilité, j'ai cessé cette initiative et je me suis consacré à l'écriture d'un essai : La Parole baroque. Par la suite, je me suis lancé dans des spectacles expérimentaux : monologues, récitals dramatiques, poétiques et exercices de rhétorique en solo, toujours dans un style baroque et j'ai animé des stages et des ateliers au lycée Montaigne à Paris dans le but de former des acteurs et des chanteurs. Enfin en 1990, j'ai mis en scène La Place royale de Corneille. Je me suis lancé dans le cinéma tardivement et j'ai alors réalisé un de mes rêves d'enfant. Par ailleurs, lors d'une représentation d'un de mes films au Méliès, j'ai reçu une aide pour les courts métrages et j'ai décidé de revenir dans le Pays Basque et le Béarn afin de tourner un film à Ciboure près de Saint-Jean de Luz, car j'ai eu le coup de foudre pour cette région et d'ailleurs j'ai commencé à apprendre le basque récemment.

Quel rôle la parole joue-t-elle dans le cinéma et le théâtre?
Pour moi tout part de la parole, c'est la base de la condition humaine et toutes les formes d'expression en sont issues. Chaque langue a sa propre conception du monde. Le théâtre, ma première passion est pour moi une incarnation du texte, de cette parole lieu de rencontre entre l'humain et le divin. Selon moi, les artistes redonnent la dimension spirituelle de la parole : en peinture avec le mouvement impressionniste totalement opposé à une pensée matérialiste et rationnelle, ensuite dans les mouvements littéraires avec Rabelais, et en photographie. Le théâtre reconstitue la parole; c'est un moyen de penser rationnellement et de permettre une rencontre avec le sacré. Au cinéma, il s'agit de captiver un mouvement et la parole; mais ce n'est pas un résultat du progrès technique, car pour moi c'est une nécessité de filmer une image qui reflète l'énergie. L'image met en relief la parole, c'est une nouvelle façon de la faire exister.

Il semble que le baroque prenne une place importante dans votre vie, pourriez-vous nous expliquer si votre cinéma est baroque?
Non, je ne pense pas car, selon moi, cela correspond à un terme historique du 15ème et du 16ème siècle, qui associe la littérature, la peinture. Au 17ème siècle, on en retrouve des vestiges qui nous montrent que les gens pouvaient approuver les découvertes scientifiques rationnelles tout en ayant des croyances religieuses. C'est ce que l'on appelle l'oxymore baroque, conception de l'art que j'approuve. Mon expérience a fait que je n'ai pas eu une identité qui me correspondait étant enfant. Le baroque mêlé au cinéma m'a aidé dans mes choix filmographiques, en revanche je considère n'avoir subi aucune influence. J'apprécie notamment le cinéma muet avec les films de Chaplin, le cinéma européen qui m'a marqué dans les années 50 à 80, et enfin le cinéma asiatique actuel avec: La Fleur de Shanghai et La Vierge mise à nue. Pour conclure, je dirais que mon cinéma n'est pas baroque mais il s'en inspire et il est parfois mis en relief dans mes réalisations.

 

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