A l'occasion
de l'avant première mondiale de Lady Chatterley réalisé
durant trois années par Pascale Ferran, d'après le roman
de Lawrence Lady Chatterley et l'homme des bois,
la salle a pu rencontrer la réalisatrice dont l'émotion,
la fébrilité apparente, la voix peu assurée, la main tremblante
nous ont profondément touchés. C'était comme si elle appréhendait
ce moment si particulier de la vie du film. Les spectateurs
ont été très sensibles à sa générosité et ont bien senti
l'importance de son cadeau.
Après la projection, elle n'était plus la même femme et
l'on percevait un immense soulagement. Elle a expliqué qu'elle
appréciait fortement la littérature anglaise. D'après elle,
le livre de Lawrence est très bavard et les scènes intimes
nous livrent des effets de vérité. C'est pour cela que quelque
chose de fort s'est passé entre elle et cette oeuvre, une
sorte de connivence, une symbiose. Lorsque on lui demande
ce qu'elle pense des deux amants, elle répond que cette
histoire les a tous les deux transformés. En tournant les
scènes d'amour, elle a voulu faire ressortir la pensée en
action pour que le spectateur puisse ressentir chaque émotion
et pour qu'il sache exactement à quoi pense chacun des personnages.
A propos des nombreux gros plans sur les fleurs et les paysages,
elle avoue que c'est un parti pris et que cette très grande
envie de filmer la nature est un autre point commun entre
l'écriture romanesque et celle de son scénario. Tout le
film a été tourné en France dans le Limousin, région influencée
par l'esprit britannique. Seules les scènes de la mine et
du village l'entourant ont été tournées en Grande Bretagne.
Tout au long du film, les amants ne rencontrent pas trop
d'obstacles, ce qui est voulu par la réalisatrice. Elle
pense que le vent contraire est à l'intérieur d'eux même.
Pour elle, une seule chose de travers et tout ce qu'elle
souhaitait montrer pouvait s'arrêter. C'est à dire que l'essentiel
c'était de dessiner ce parcours passionné sous forme évolutive.
D'ailleurs, elle a dit vouloir respecter chacun de ses personnages.
A la fin du film, il semble que tous aient trouvé leur propre
route comme si leur condition d'être humain s'était améliorée.
Durant le casting, la plus grande difficulté a été de trouver
l'acteur qui jouerait le rôle de Parkin. Il devait avoir
la quarantaine, être archaïque mais aussi être un sex-symbol.
De plus, ce devait être un inconnu du grand public. Comme
dans le film, l'acteur Jean-Louis Coulloc'h qui joue Parkin
est un homme sauvage et très difficile à apprivoiser. Et
cet apprivoisement a été encore plus difficile entre lui
et Marina Hands car ils n'appartiennent pas au même monde
artistique et n'ont pas les mêmes acquis ; elle, est plutôt
académique, a suivi une formation de théâtre et elle a une
réelle expérience face à la caméra ; alors que lui n'a pas
vraiment d'expérience en long-métrage.
Elle a fait aussi remarquer que ce travail de trois ans
avait été long et difficile, mais nécessaire pour donner
naissance à un film frais et moderne malgré un cadre spatio-temporel
situé à l'époque classique.
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