Après
à la projection du Dernier Des Fous nous avons eu la chance
d'assister à un débat en compagnie de Dominique Reymond
et de Pascal Cervo, deux acteurs du film.
Comment êtes vous arrivé sur le projet? Comment le
réalisateur vous a-t-il contactée? Comment avez-vous appréhender
les rôles?
Pascal Cervo : J'avais déjà travaillé avec Laurent
Achard dans Plus qu'hier moins que demain, et il m'a recontacté
pour renouveler une expérience qui avait été si riche pour
moi. Je l'aurai suivi les yeux fermés sur n'importe quel
projet.
Qu'est -ce qui vous a attiré dans le rôle ?
PC : Jusqu'ici, je n'ai jamais eu l'occasion d'interpréter
un personnage pareil. C'est extrême. Mais c'est surtout
Laurent qui m'a attiré.
DR : Je ne connaissais pas Laurent Achard mais Pascal
Cervo. Puis j'ai été contacté un an après par Laurent. La
rencontre a été très forte, très importante donc quand on
rencontre des gens comme ça, il ne faut pas passer à côté.
Les jours de tournage ont été très intenses pour moi car
je suis arrivée sur les quatre derniers jours.
Le film est très fort, je suis dans le même état que
tout le monde, j'ai surtout été frappée par l'excellence
de la réalisation vraiment sublime, comme dans Plus qu'Hier
moins que demain où j'avais vu un côté austère. Dans celui-ci,
il y a un côté rural, mais il y a un côté onirique à l'intérieur
de tout ça.
PC : Cela me fait très plaisir car je n'ai perçu cette
poésie qu'à la deuxième vision du film, car lors de la première
projection, j'étais tellement tendu que je n'ai pas vu cet
aspect-là.
La difficulté avec ce type de cinéma c'est de faire exister
les personnages ; ce qui est assez fort, c'est que les deux
coexistent. Est-ce qu'au moment du tournage, vous sentiez
une manière pour les personnages d'exister réellement, à
travers tous les choix formels qui étaient les siens: le
cadre ... ?
PC : Moi perso, je ne sens ni de contrainte de cadre
et ne de tournage; je ne sens pas de contrainte technique.
Peut-être qu'en tant que spectateur vous voyez un travail
au niveau du cadre très précis et ça l'est; mais, il reste
toujours un espace pour improvisation.
DR : Moi je la sentais un petit peu mais j'aime beaucoup
ça. Plus la contrainte est forte, plus la liberté est grande.
Mais moi je l'ai senti surtout pour le plan de la fin qui
est peut-être pour moi le moment le plus beau du film car
il nécessite un réel jeu d'acteurs.
Laurent Achard fait-il beaucoup de prises?
PC : Moi je ne trouve pas.
DR : Ca dépend, pour certaines personnes ça va être
beaucoup, pas pour d'autres; par exemple, pour ce fameux
plan de la fin il y a eu huit prises.
Et pour la scène du regard caméra ?
DR : C'était très effrayant, il y en a eu trois,
quatre mais elles ont été très longues.
Vous avez parlé d'un part d'improvisation?
DR : Toi tu as un personnage très différent des autres.
Nous, nous sommes un peu des spectres, alors que toi tu
te rues dans les brancards (rires). Il y a une autre façon
de filmer pour rendre compte du caractère des différents
personnages. C'est ça que j'ai trouvé très fort, et c'est
ce jeu qui permet de codifier de la famille, et surtout
ton personnage qui se jette contre les portes, alors qu'elles
sont fermées. C'est très fort.
Comment vous a-hl présenté vos personnages?
Ont-ils été modifiés ? Vous a-t-il parlé de leur psychologie
? Pour le spectateur, il y a parfois un manque d'explications,
était ce pareil pour les acteurs?
PC : Il n'y a pas du tout de psychologie, pas du
tout de discussion sur le personnage, pour moi le travail
s'est vraiment effectué sur le costume, car c'était un problème
de savoir comment Didier pouvait s'habiller et ce que ça
reflétait sur lui. Et pour le petit garçon, comment ça s'est
passé?
DR : Il avait un coach. Après pour la direction,
c'est comme nous, pas de psychologie mais tine approche
technique. Après, c'est la grâce du petit garçon qui prend
le dessus.
Lequel des deux enfants est le dernier des fous?
PC : Ça peut être les deux, il y a une espèce de
parallélisme, c'est-à-dire que l'enfant pour le grand frère
est une image de sa propre enfance quelque part et Didier
pour le petit reflète une image de son futur, en tout cas
de quelque chose qui lui dit qu'il doit grandir. Le dernier
des fous c'est celui qui reste.
|