Les reporters du Net - 2004
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Interview 1

Dans notre classe de CM1, nous sommes tous mélangés. Quelques-uns ne connaissent pas leurs origines, d'autres savent qu'ils sont d'origine arabe, manouche, occitane, portugaise, basque. Mais nous ne sommes pas différents les uns des autres: nous sommes tous français. C'est en faisant ce travail que nous avons mieux compris comment vivent les copains que l'on voit tous les jours.
C'est peut-être à cause de Mélissa que nous nous sommes posé beaucoup de questions. Un jour, elle a déclaré :
" Je suis un mélange de races à moi toute seule. Papa est d'origine marocaine. Maman est algérienne par sa mère, portugaise par son grand-père, gitane par sa grand-mère."
Elle a demandé à la maîtresse si chacun de nous pouvait dire qui il était et d'où il venait. La maîtresse a trouvé que cela pouvait rentrer dans le programme d'éducation civique et de français et c'est ainsi que tout a commencé.
Caroline vient d'arriver dans notre école et elle joue le rôle du journaliste puisqu'elle n'a pas pu participer à la rédaction de notre petit livre : "Travaillons tous ensemble, sans racisme."

Caroline : " Aïssa, Wafa, Ammandine et Mélissa, pouvez-vous nous dire d'où vous venez
et qu'est-ce qui a été important à dire, pour vous, dans ce travail ?"

Aïssa et Wafa : " Nous, nos deux parents sont marocains, alors que pour Ammandine et
Mélissa, il s'agit de ses grands-parents."

Wafa : " Moi, j'ai voulu parler de Marrakech, une des plus belles villes du Maroc et aussi,
j'ai voulu que mes copains ne disent plus Arabes n'importe comment : les Arabes
habitent en Arabie Saoudite, nous, on est Marocains."

Mélissa : Moi, le Maroc, je ne l'ai vu qu'en carte postale, je n'y suis jamais allée. Ca m'a
quand même plu d'en parler car ce sont mes origines."

Aïssa : " Je suis heureux à l'école du Péglé, mais je ne veux pas oublier mes origines.
Moi, je suis fier d'être Marocain. Alors, je fréquente l'école coranique et
j'apprends à lire et à écrire en arabe."

Ammandine : "D'ailleurs, en faisant ce travail, on s'est rendu compte que beaucoup de
mots viennent de l'arabe : caïd, toubib, mais aussi, magasin, orange,
abricot, café, chiffre, zéro."

Caroline : " Maëva, Franco, Bryan, Mike, Priscillia, vous êtes manouches ? Que voulez-
vous que l'on connaisse de vous ? "

Bryan : " Les gadjé nous connaissent à cause de Django Reinhardt, mais nous avons
aussi notre propre culture. Nous ne vivons pas comme eux et j'espère que
jamais ça n'arrivera. Je voudrais que lorsque je serai grand, on ne nous regarde
plus comme des sauvages."

Maëva : " Mes parents vivent au Rond une grande partie de l'année mais au printemps,
comme beaucoup de familles, ils reprennent le voyage parce que mon père
chine pour trouver du travail. C'est dur de voyager, on ne nous laisse même
pas rentrer sur les terrains. Une fois, une gadji nous a même dit qu'elle ne
voulait pas de tsiganes chez elle !"

Priscillia et Mike : " Nous, on est toujours sur le voyage. Notre terrain familial est en
Provence,
à Cadenet, mais nos parents chinent aussi et quand on est près
d'Agen ou de Mont de Marsan, on s'arrête dans la famille de notre
mère.
Notre grand-père paternel est un yénish, c'est à dire que ses ancêtres
n'étaient pas tsiganes mais ils ont choisi ce mode de vie nomade."

Franco : "Moi, j'habite en maison mais je vais très souvent voir ma mamie au camp.
J'adore cette vie et je suis content d'être manouche, je crois qu'on est plus libre
que les gadjé."

Caroline : " Rémi et Lucie, vous, vous nous avez dit que vous aimez la campagne, les
travaux à la ferme et même que plus tard, c'est ce que vous voudriez faire.
Pourquoi ?"

Rémi : " Mes grands-parents paternels et maternels vivent en chalosse. J'adore aller chez
eux.
A Brassempouy, par exemple, mon papi veut qu'on vendange à l'ancienne. Quel
régal, ce jus de raisin tout frais ! A Caupenne, chez mon oncle, je fais attention à
tous ses travaux parce que, quand je serai grand, je veux habiter à la campagne,
être fermier et travailler les champs."

Lucie : " Moi aussi, c'est mon rêve. Là où habitent mes grands-parents, à Maurrin et à
Castandet, je suis heureuse. Le travail est difficile quelquefois, mais on a tout :
les œufs, la volaille, les cochons, les vaches …
Voilà, ce que je voudrais quand je serai grande."

Caroline : "Et toi, Léo, que voudrais-tu dire à tes copains ?"

Léo : " Moi, je suis basque par ma mère et breton par mon père. Je vais souvent en
vacances à Anglet chez ma grand-mère Maritxu. Moi, je vois le Pays basque
comme un lieu de vacances très beau, entre les montagnes et la mer. Les fêtes
folkloriques y sont très colorées.
Je ne sais pas parler basque, ça a l'air très dur!"

Interview 2

La maîtresse s'adresse à présent aux élèves dont l'origine semble "ordinaire" dans notre pays.

La maîtresse : " Maintenant que vos camarades vous ont dit ce qui était important dans
leur vie, que pouvez-vous en penser ?"

Gaëtan : "Moi, j'ai compris que certains de mes copains ne parlent pas forcément français
le soir en rentrant chez eux. Ils connaissent autre chose."

Steve : " Moi, j'ai appris des mots de leur langue d'origine. C'est bien qu'on soit
mélangés, c'est enrichissant."

Maxence : " Je ne les vois pas comme des intrus, des gens bizarres qu'on n'ose pas
toucher : ce sont mes copains tout simplement."

Anthony et Jordy : " C'est drôle de voir Aïssa et Wafa écrire de droite à gauche. On a
appris plein de nouvelles choses."

Cindy : " On ne se dit pas que c'est l'origine du copain qui fait de lui quelqu'un de bien ou
pas."

La maîtresse : " Comment pourrait-on faire pour signer notre livre ?"

Célia :" Moi, je propose qu'à la fin du livre chacun signe de son empreinte digitale
pour montrer qu'on est " tous pas pareils mais tous égaux."

Les brèves

Steve :

Steve habite au Peyrouat. Quelqu'un met le feu à une poussette. Le feu gagne la cage d'escalier de l'immeuble dans lequel il vit. Un proche dit : " C'est forcément les gitans ou les arabes !!"
Steve se demande comment il en est si sûr.


Maëva :

La sœur de mon Papou, ma tatie Fernande, raconte comment les manouches étaient accueillis quand elle était petite.
"J'étais noire de peau. La maîtresse me dit un jour : "Ecoute, Fernande, je ne sais pas si tu as de l'eau et du savon chez toi, mais tu es bien sale ! "
Elle a pris la brosse métallique et de la Javel et elle a commencé à frotter, mais comme j'étais noire de peau, je ne risquais pas de devenir blanche !
Ma pauvre mère était furieuse quand je suis rentrée avec les mains en sang !"


Aïssa :


J'étais en train de regarder un match de ping-pong entre mon cousin et un copain à lui.
Un garçon est arrivé à vélo. Mon cousin s'arrête alors et demande au garçon (qu'il connaissait) s'il pouvait lui prêter le vélo. Mais le garçon a refusé. Alors, ils ont commencé à se battre et j'ai entendu crier très fort :"sale noir !".
Je me demandais pourquoi ils se traitaient comme ça et si c'était une insulte d'être noir.
Je suis reparti chez moi sans vraiment comprendre ce qui s'était passé.

Bryan :

Chez nous, les manouches, on parle une drôle de langue. On met des mots manouches avec des mots français et ça fait un drôle de mélange.
« Dikav, la rakli comme elle est choukav ! »
La maîtresse nous a dit que des mots de chez nous sont passés dans l’argot :
la latche, la trache, marav etc…
Alors, avec mes copains, on a voulu en savoir plus. Et c’est comme ça qu’on a appris que les mots aussi sont voyageurs.

Beaucoup de mots viennent :
· du latin : apprendre, écouter…
· du grec : pharmacie, clinique, …
· de l’arabe : bazar, artichaut,…
· d’Italie : carnaval, balcon,…
· d’Angleterre : bar, pull,…
La guerre aussi nous a donné des mots : orgueil, halte, …
Ainsi que les navigateurs : vrac, bière,…
Grâce aux découvertes, nous avons su nommer le chocolat, le maïs ou le tabac.
Certains mots ont une drôle d’histoire, par exemple :
Barbecue vient du Moyen-Age où on faisait griller les animaux de « la barbe au cul ».
Flirter est un ancien mot qui vient de l’expression « conter fleurette ».