Web-J Monod - La vie au Lycée - Année 2005-2006 - Voyage en Castille :

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Voyage en Castille des 2ndes du Lycée Jacques Monod de Lescar






Par Mélanie Dansou

En cette belle année 2006 les secondes du lycée Jacques Monod de Lescar ont été pris d’un désir « fou » d’aller marcher sur les pas du plus grand de tous les hidalgos le fameux "Don Quijote de la Mancha". Pour ce faire, ils ont eu besoin d’un serviteur, à la hauteur du grand Sancho Panza, en la personne de leur professeur d’espagnol, Madame Dansou, accompagnée dans sa noble tâche par messieurs Priou et Elichondoborde. Et nous voilà tous fièrement partis à l’aventure avec une première halte à Ségovie.

En arrivant à Séovie... nous sommes frappés par la beauté et la taille de son aqueduc. Il affiche fièrement en plein centre de la vieille ville ses 728 mètres de long et ses 166 arches de granit.
Cet aqueduc amène toujours en ville les eaux du Riofrio, dont la source est à 17 kilomètres.

La promenade continue de par les rues «del casco antiguo», c'est-à-dire la vieille ville. Nous traversons la judería (la juiverie). Les juifs ont longtemps vécu en Espagne et ont marqué la Péninsule de leur culture. Ils vécurent en grande harmonie avec les musulmans jusqu’au décret d’expulsion de 1492 signé par Isabelle la Catholique. Nous arrivons aux portes de la cathédrale gothique de Ségovie. L’ensemble est imposant, la patine dorée et chaude et les éléments décoratifs, pinacles, arcs-boutants, finement travaillés.

Nous voilà au sommet de notre château-fort admirant la belle contrée de Ségovie. Mais le voyage commençait à avoir raison même des plus vaillants, c’est pourquoi il était temps de rejoindre nos hôtes. En effet nous avons dormi chez des familles d’accueil et ce durant trois nuitées. L’immersion linguistique et culturelle ne pouvait être plus enrichissante.

Le deuxième jour de notre périple nous entraîne dans les rues de la grande Tolède, la Cité des trois cultures ( chrétienne, musulmane et hébraïque ) qui est aussi la ville aux mille églises. Le principal point d’accès à la cité est la puerta de Bisagra (d’origine arabe). Elle comporte deux corps et une cour centrale. Elle fut transformée au cours du règne de Charles Quint, époque à laquelle fut installé sur l’arc d’entrée l’écu de la ville, le gigantesque aigle bicéphale ornant le blason impérial.

Nous continuons notre promenade dans les rues de Tolède, nous faisons une halte prolongée devant la Cathédrale, un ouvrage gothique extraordinaire.
Nous observons avec attention ses trois portes dites de l’Enfer, du Pardon et du Jugement.

Notre aventure nous amène devant l’église Santo Tomé qui abrite dans une de ses dépendances le célèbre tableau du Greco : " L’enterrement du comte d’Orgaz ".
Ce tableau reprend la légende d’un noble tolédan du nom de Gonzalo Ruiz de Toledo, señor de Orgaz, qui, après avoir passé sa vie à faire des offrandes à l’église de Santo Tomé, aurait demandé à se faire enterrer dans cette même église. Le jour de ses obsèques, en 1323, St Etienne et St Augustin descendirent pour l’ensevelir de leurs propres mains, en reconnaissance de ses œuvres de bienfaisance.

Par testament, les habitants d’Orgaz devaient donner à la paroisse et à ses pauvres chaque année : 2 veaux, 16 poules, 2 outres de vin, 2 charges de bois et 800 maravedis. Comme ils avaient passé 2 ans sans s’acquitter de leur dette, le curé de Santo Tomé, don Andrés de Nuñez de Madrid, leur intenta un procès qu’il gagna en 1570. C’est pour commémorer cette victoire que l’évêque autorisa l’exécution du tableau.
Ce tableau se divise en 2 parties : le monde terrestre et le monde céleste. Dans la partie céleste se trouve représenté l’enterrement du comte d’Orgaz, avec les 2 saints le mettant en terre. Autour d’eux une assemblée de notables tolédans, tous identifiés. Le lien entre les 2 mondes se fait grâce à la montée de l’âme du comte tolédan au ciel. Là l’accueillent la Vierge et St Jean-Baptiste et au-dessus d’eux, le Christ. Le message de la peinture serait le suivant : les œuvres de charité seraient une condition indispensable à la salvation éternelle.

Nous arrivons à Madrid, bien décidés à conquérir la ville et à s’enivrer de sa culture. Mais nous ne pouvions oublier le récent passé de la ville, c’est pourquoi notre première visite est dédiée à la gare d’Atocha où le 11 mars 2003 eurent lieu les attentats terroristes faisant des milliers de morts.
La visite du matin était consacrée au Musée Reina Sofia. Cet ancien hôpital abrite les chefs d’œuvre des grands génies de l’avant-garde espagnole avec, en tête, Picasso, Miró et Dalí. Entres autres tableaux se détache le grandiose " Guernica " de Picasso. Ce tableau fut livré au pavillon espagnol de l’exposition universelle de 1937. Les grandes dimensions du tableau (349.3 x 776.6 cm) répondent à un souci de visibilité : la barbarie du bombardement du 26 avril 1937 doit être dénoncée efficacement.
La guerre civile espagnole éclate le 18 juillet 1936. Guernica est une petite ville de la province basque de Biscaye. Le Pays Basque forme le front nord d’opposition aux" franquistes", armée de Franco. L’aviation de la légion Condor soutient les troupes au sol, espagnoles et italiennes. Le jour du bombardement Guernica est particulièrement peuplé : de nombreux réfugiés des environs sont venus dans l’espoir de pouvoir fuir en train, par ailleurs c’est jour de marché. Les premières bombes explosent à 16h30. Les derniers avions quittent le ciel de Guernica vers 19h. Les 50 appareils de la légion Condor ont lâché 50 tonnes de bombes incendiaires, et fait plus de 1800 morts.
Picasso fut informé par voie de presse (il vivait alors en France) ce qui pourrait expliquer le pelage du cheval fait de petits traits serrés, réguliers et alignés qui rappelle les caractères typographiques. Le cheval, placé au centre de la composition, symbolise, des dires même du peintre, le peuple. La liberté est mourante. Le taureau est un symbole de la force brute. La fleur est unique mais présente au centre de la composition comme une lueur d’espoir.


Nous nous restaurons de façon plutôt champêtre puisque nous pique-niquons dans les jardins du buen retiro.

Ensuite direction le Museo del Prado.
Si le " Reina Sofia " était consacré à l’art moderne, le Prado, lui, réunit la collection la plus complète du monde de peinture espagnole, du XIème jusqu’au XVIIIème siècles. Des peintres d’importance universelle comme Le Greco, Ribera, Zurbarán, Vélasquez, Murillo, Goya, Van Der Weyden, Bosch, Titien ou Rubens sont représentés. Un des tableaux les plus fascinants de ce musée reste tout de même l’extraordinaire : " Les ménines de Diego Vélasquez " .

Le mot « ménine » est d’origine portugaise et signifie « un page d’extraction noble ». Il y eut beaucoup d’analyses écrites sur ce tableau mais, récemment, la conservatrice du Prado, Manuela Mena Marquez, aurait découvert, sur la même toile, deux versions successives du Tableau de la famille (titre original), et ce, grâce à des radiographies. Dans la première le peintre et son châssis étaient absents, à sa place un jeune homme tourné vers l’infante Margarita et lui présentant un bâton de commandement. Il s’agissait donc là d’un tableau public et officiel. En l’absence d’héritier mâle Margarita avait été désignée comme l’héritière du trône. Ce tableau constitue alors la mémoire de cette décision considérable. Puis, en novembre 1657, naquit Felipe Prospero, qui devint l’héritier mâle du trône. Le message dynastique du tableau est périmé. C’est alors que l’œuvre publique devient un tableau privé et le portrait dynastique un capricho courtisan. En s’introduisant dans le tableau, Vélasquez célèbre sa propre gloire et celle de la peinture.

Après cette incartade culturelle, rien ne vaut une promenade au gré des rues de la grande Madrid.
En passant par la Plaza Mayor, nous voilà arrivés à la Puerta del Sol. Là se trouve la Casa de Correos couronnée par une horloge à 4 sphères qui, le soir de la St Sylvestre, sonne les 12 coups de minuit pour tous les madrilènes qui s’empressent de manger leurs 12 grains de raisin. Devant l’édifice, on peut voir sur le sol le kilomètre zéro, d’où partent toutes les routes radiales espagnoles. Sur cette même place on peut admirer 3 magnifiques statues : Vénus (que les madrilènes ont surnommé la Mariblanca), le roi Charles III, le « maire » préféré des madrilènes et surtout les emblèmes de la ville de Madrid : l’ours et l’arbousier ( El Oso y el Madroño ). Le surnom de ville de l’ours et de l’arbousier semble dater du XIIIème siècle, époque où la ville était entourée de forêts d’arbousiers et d’ours. Pour la petite histoire, l’ours ne serait pas un mâle mais une femelle selon les manuscrits de l’époque. La journée prit fin à Madrid après un quartier libre bien mérité pour nos aventuriers.

L’aventure touchait à sa fin ...
et avec elle, la recherche de l’ «inaccessible étoile» tels des don Quijote en herbe.


Mais finalement le simple fait de visiter un village comme celui de Pedraza où le temps semble s’être arrêté, n’est-ce pas cela le bonheur ? Ce village médiéval à 38km de Ségovie, fut, jadis, la prison de François 1er. Il a également servi de nombreuses fois de décors pour les cinéastes.

Le pique-nique se déroula dans un cadre idyllique, le parc naturel " Hoces del Duraton ", l’une des plus grandes réserves de vautours d’Europe, surplombé d'un ermitage du XIIème siècle.

Voilà c’est fini, les aventuriers sont rassasiés de souvenirs, de culture et d’instants de bonheur. Ce voyage en Castille laissera des traces impérissables pour tous ces élèves. J’espère que, comme eux, vous avez suivi ce voyage comme une quête, celle de la culture, celle de la tradition, celle des valeurs comme l’avait fait avant nous un certain don Quichotte… Hasta luego!

réf : webj/articles/lavieaulycee/dansou_melanie1

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