3.
La Gironde et les Bordelaises
Ajoutez
à cela, mon ami, la magnifique Gironde encombrée de
navires, un doux horizon de collines vertes, un beau ciel, un chaud
soleil, et vous aimerez Bordeaux, même vous qui ne buvez que
de l'eau et qui ne regardez pas les jolies filles. Elles sont charmantes
ici avec leurs madras orange
et rouge comme celles de Marseille avec leurs bas jaunes. C'est
un instinct des femmes dans tous les pays d'ajouter la coquetterie
à la nature. La
nature leur donne la chevelure, cela ne leur suffit pas, elles y
ajoutent la coiffure ; la nature leur donne le cou blanc et souple
; c'est peu de chose, elles y attachent le collier ; la nature leur
donne le pied fin et petit; ce n'est point assez, elles le rehaussent
par la chaussure. Dieu les a faites belles, cela ne leur suffit
pas, elles se font jolies. Et
au fond de la coquetterie, il y a une pensée, un instinct,
si vous voulez, qui remonte jusqu'à notre mère Eve.
Permettez-moi un blasphème qui, j'en ai bien peur, contient
une vérité, c'est Dieu qui fait la femme belle, c'est
le démon qui la fait jolie.
Ah ça, mais il me semble que je prêche. Cela ne me
va guère, car j'aime la femme, même avec ce que le
diable y ajoute.
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