Biarritz,
le 22 janvier 2002
Monsieur Hugo,
A l'occasion
de votre visite à Biarritz le 27 juillet 1843, voilà
déjà cent soixante ans, vous aviez émis certaines
remarques concernant cette ville : observations, admirations, craintes
Biarritz, à l'époque, n'était pas encore réellement
à la mode. Aujourd'hui la ville a pris son " envol "
et je vous propose de voir ce qu'il advient de ce " lieu admirable
" qui a autrefois suscité votre attention.
D'abord,
laissez-moi vous dire que même si la mer est toujours aussi
superbe à Biarritz, la population que vous qualifiez de "
cordiale " a bien changé. De nos jours les gens sont
stressés par un grand nombre de choses, que ce soit le travail,
la santé ou l'argent et ils ne prêtent pas attention
aux autres. Dans la rue, pour la plus grande majorité, les
regards ne se croisent pas
comme à Paris. Tenez, Paris,
parlons-en. Votre plus grande crainte était que Biarritz
" devienne à la mode ", qu'elle imite la capitale.
Eh bien oui, le petit port d'antan est désormais une station
balnéaire de renom : on y vient de toute la France, voire
d'Europe.
Mais qui dit beaucoup de touristes dit aménagements divers
: pour faciliter l'accès à certains sites, pour le
confort. Ainsi la ville a développé les hôtels,
les immeubles, les escaliers, les bancs, les magasins
bétonnant
tout. Les " jolies maisons blanches " que vous y trouviez
sont encore là, certes, mais entourées d'immeubles
sans aucun cachet, surtout et malheureusement en bord de mer. La
ville, selon vos craintes, a pris un " mauvais appétit
de l'argent " et pour habiter Biarritz, surtout dans le centre
ville et au bord de l'océan, autant dire qu'il ne faut pas
être pauvre
D'ailleurs quel meilleur exemple que le
Casino, juste en face de la Grande plage ? Et le grand Palais ?
Les boutiques de luxe ? C'est sûr, le " hameau de pêcheurs
" de votre temps a fait place a une ville riche et beaucoup
trop bétonnée . En effet, les pêcheurs : en
voit-on une trace ailleurs qu'au Port Vieux ? Biarritz n'a pas su
conjuguer tradition et modernité, la ville a trop voulu offrir
une sorte de " Paris avec mer " et ainsi je pense que
" votre " Biarritz ne ressemble en rien à celui
d'aujourd'hui. Encore un exemple : on est bien loin, de nos jours,
des quelques jeunes femmes " jouant avec la mer " de 1843
car l'été ce sont plutôt des centaines et des
centaines de personnes qui se ruent sur les plages, presque totalement
nues.
Néanmoins,
Biarritz est une ville agréable, certes différente
de celle des années 1840, mais on prend quand même
plaisir à y flâner. Bien sûr l'argent est omniprésent
mais le temps d'une promenade sur la plage on l'oublierait presque.
C'est une ville vivante qui est née, et là je ne suis
pas totalement d'accord avec vous. Vous pensiez, d'après
ce que j'ai compris, que les concerts, les pièces de théâtre
étaient mauvais pour Biarritz : non, au contraire, la ville
développe ainsi son aspect culturel ! Les festivals, les
films, les concerts, les expositions, les pièces : tout passe
par Biarritz et fait " bouger " les habitants.
Si
l'on compare Biarritz à d'autres villes de la côte
basque, c'est sûr, on ne trouvera pas son pareil, mais c'est
ce qui peut rendre l'endroit attirant. Je pense, en effet, que les
personnes qui aiment la culture basque, la mer, mais aussi tout
ce qui a trait aux choses modernes, la mode
sont les plus
heureuses au monde ici : Biarritz est bien placée, près
des villes typiques du pays basque et par son architecture et ses
aménagements elle peut ressembler à une ville d'une
autre région. Vous disiez aussi qu'il n'était "
rien de plus grand " qu'une ville qui proposait aux autres
les nouveautés : par exemple, elle a été l'une
des premières villes, si ce n'est la première, à
accueillir les premiers " surfeurs ". La ville est le
berceau de bon nombre d'autres modes
De toute façon
, si Biarritz accueille toujours plus de visiteurs, c'est bien parce
qu'ils y trouvent ce qu'ils recherchent.
Donc, déjà
en 1843, vous aviez deviné que Biarritz subirait toutes sortes
de modifications et de transformations : on peut dire que vous aviez
" le front éclairé " ! Si l'on peut en qualifier
certaines de négatives tels le bétonnage de la ville
et de sa côte ou bien la présence évidente de
l'argent, on doit cependant reconnaître que Biarritz est agréable
et les activités y sont nombreuses et intéressantes.
Désormais on ne passe pas sur la côte basque sans s'arrêter
à Biarritz. Je pense que si les avis peuvent être partagés,
la ville ne laisse personne indifférent ; elle présente
de mauvais mais aussi de bons côtés par rapport à
ce qu'elle était autrefois. En s'étant transformée
et adaptée à l'époque, elle a montré
qu'elle n'était pas morte.
Annita
DOUMERCQ
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