Carte    Texte intégral    
  
    Bordeaux      Les Landes      Bayonne et Biarritz
1. Prenez Versailles et mêlez-y Anvers
2. Le vieux Bordeaux

3. 
La Gironde et les Bordelaises
4. 
Bordeaux ville d'histoire
5. 
Le Bordeaux disparu
6. 
Le pont de Bordeaux
7. 
La cathédrale Saint-André
8. 
Plaidoyer pour la sauvegarde du patrimoine de Bordeaux
9. 
Les momies de Saint-Michel
10. 
La tour Saint-Michel
11. Les Landes ; les pins
12. 
Au-delà de Roquefort
13. 
Les sables des Landes
14. 
De Roquefort à Tartas
15. 
Les lièvres de Tartas
16. 
Le pont de Dax
17. Une maison sur le port de Bayonne
18. 
Une vue générale de Bayonne
19. 
La cathédrale de Bayonne
20. 
Vue de Biarritz
21. 
Les baigneuses de Biarritz
22. 
Une vision prophétique de Biarritz
23. 
De Bayonne à Biarritz, les aléas d'un touriste
24. 
Le château de Marrac, un épisode historique

 22. Une vision prophétique de Biarritz

  Texte proposé par le lycée Villa Pia de Bayonne

Biarritz, le 22 janvier 2002


Monsieur Hugo,

A l'occasion de votre visite à Biarritz le 27 juillet 1843, voilà déjà cent soixante ans, vous aviez émis certaines remarques concernant cette ville : observations, admirations, craintes… Biarritz, à l'époque, n'était pas encore réellement à la mode. Aujourd'hui la ville a pris son " envol " et je vous propose de voir ce qu'il advient de ce " lieu admirable " qui a autrefois suscité votre attention.

D'abord, laissez-moi vous dire que même si la mer est toujours aussi superbe à Biarritz, la population que vous qualifiez de " cordiale " a bien changé. De nos jours les gens sont stressés par un grand nombre de choses, que ce soit le travail, la santé ou l'argent et ils ne prêtent pas attention aux autres. Dans la rue, pour la plus grande majorité, les regards ne se croisent pas… comme à Paris. Tenez, Paris, parlons-en. Votre plus grande crainte était que Biarritz " devienne à la mode ", qu'elle imite la capitale. Eh bien oui, le petit port d'antan est désormais une station balnéaire de renom : on y vient de toute la France, voire d'Europe.

Mais qui dit beaucoup de touristes dit aménagements divers : pour faciliter l'accès à certains sites, pour le confort. Ainsi la ville a développé les hôtels, les immeubles, les escaliers, les bancs, les magasins… bétonnant tout. Les " jolies maisons blanches " que vous y trouviez sont encore là, certes, mais entourées d'immeubles sans aucun cachet, surtout et malheureusement en bord de mer. La ville, selon vos craintes, a pris un " mauvais appétit de l'argent " et pour habiter Biarritz, surtout dans le centre ville et au bord de l'océan, autant dire qu'il ne faut pas être pauvre… D'ailleurs quel meilleur exemple que le Casino, juste en face de la Grande plage ? Et le grand Palais ? Les boutiques de luxe ? C'est sûr, le " hameau de pêcheurs " de votre temps a fait place a une ville riche et beaucoup trop bétonnée . En effet, les pêcheurs : en voit-on une trace ailleurs qu'au Port Vieux ? Biarritz n'a pas su conjuguer tradition et modernité, la ville a trop voulu offrir une sorte de " Paris avec mer " et ainsi je pense que " votre " Biarritz ne ressemble en rien à celui d'aujourd'hui. Encore un exemple : on est bien loin, de nos jours, des quelques jeunes femmes " jouant avec la mer " de 1843 car l'été ce sont plutôt des centaines et des centaines de personnes qui se ruent sur les plages, presque totalement nues.

Néanmoins, Biarritz est une ville agréable, certes différente de celle des années 1840, mais on prend quand même plaisir à y flâner. Bien sûr l'argent est omniprésent mais le temps d'une promenade sur la plage on l'oublierait presque. C'est une ville vivante qui est née, et là je ne suis pas totalement d'accord avec vous. Vous pensiez, d'après ce que j'ai compris, que les concerts, les pièces de théâtre… étaient mauvais pour Biarritz : non, au contraire, la ville développe ainsi son aspect culturel ! Les festivals, les films, les concerts, les expositions, les pièces : tout passe par Biarritz et fait " bouger " les habitants.

Si l'on compare Biarritz à d'autres villes de la côte basque, c'est sûr, on ne trouvera pas son pareil, mais c'est ce qui peut rendre l'endroit attirant. Je pense, en effet, que les personnes qui aiment la culture basque, la mer, mais aussi tout ce qui a trait aux choses modernes, la mode… sont les plus heureuses au monde ici : Biarritz est bien placée, près des villes typiques du pays basque et par son architecture et ses aménagements elle peut ressembler à une ville d'une autre région. Vous disiez aussi qu'il n'était " rien de plus grand " qu'une ville qui proposait aux autres les nouveautés : par exemple, elle a été l'une des premières villes, si ce n'est la première, à accueillir les premiers " surfeurs ". La ville est le berceau de bon nombre d'autres modes… De toute façon , si Biarritz accueille toujours plus de visiteurs, c'est bien parce qu'ils y trouvent ce qu'ils recherchent.

Donc, déjà en 1843, vous aviez deviné que Biarritz subirait toutes sortes de modifications et de transformations : on peut dire que vous aviez " le front éclairé " ! Si l'on peut en qualifier certaines de négatives tels le bétonnage de la ville et de sa côte ou bien la présence évidente de l'argent, on doit cependant reconnaître que Biarritz est agréable et les activités y sont nombreuses et intéressantes. Désormais on ne passe pas sur la côte basque sans s'arrêter à Biarritz. Je pense que si les avis peuvent être partagés, la ville ne laisse personne indifférent ; elle présente de mauvais mais aussi de bons côtés par rapport à ce qu'elle était autrefois. En s'étant transformée et adaptée à l'époque, elle a montré qu'elle n'était pas morte.

Annita DOUMERCQ