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HISTORIQUE DU NOM DE LA CITE SCOLAIRE

                                                                                                                                        

Laure Gatet (1913-1943)

             C’est en 1969 que l’ancien Lycée de Jeunes filles de Périgueux, se dote d’une nouvelle identité en devenant le Lycée Laure Gatet, nom d’une ancienne élève de l’établissement, morte en déportation à Auschwitz en février 1943 pour avoir choisi de résister à l'occupant nazi.

             Née le 19 juillet 1913 à Maison Dieu, commune de Boussac-bourg en Creuse, Laure, Constance, Pierrette Gatet est la fille ainée de Louis Gatet (1884-1975), professeur puis directeur d’Ecole Normale et qui finira sa carrière comme Inspecteur d’Académie, et de Marguerite Agathe Malassenet (1890-1982).

             De l’école primaire d’Aubusson à l’Université de Bordeaux : Une brillante scolarité…

              Laure fréquenta l’école primaire d’Aubusson, où son père enseignait à l’École Normale d’instituteurs. Elle passa son certificat d’études à Boussac et fut reçue première de son canton. Dispensée de 6ème, elle fréquenta le Lycée d’Aurillac jusqu’en 4ème.

 

              C’est suite à la nomination de son père à la direction de l’Ecole Normale du département de la Dordogne, qu’en 1927, Laure Gatet arrive en classe de 3ème au collège de jeunes filles de Périgueux. Elle y suit une brillante scolarité, citée à plusieurs reprises au tableau d’honneur de l’établissement, elle obtient son baccalauréat en philosophie en juillet 1931. Bien des années après, ses camarades de promotion se souviendront d’elle, comme d’une jeune fille d’une grande maturité, « sérieuse et réfléchie ».

              Après un stage dans une officine de pharmacie à Périgueux (1931-1932), Laure Gatet entame ses études universitaires à la faculté de pharmacie de Bordeaux. Après six années d’études, elle obtient son diplôme de pharmacienne et se consacre à des recherches en biochimie. En janvier 1940, elle soutient sa thèse de doctorat de biochimie sur la maturation des fruits. « Docteur es sciences », Laure se voit décerner par son jury de thèse la mention « Très honorable » et les félicitations. Elle devient l’assistante du professeur Louis Genevois à Bordeaux.

 L’engagement en résistance

              Parallèlement à ses études universitaires, Laure fréquente activement une association de jeunes catholiques qu’anime l’aumônier des étudiants, le Père jésuite Dieuzayde.  C’est au sein de ce cercle qu’elle manifeste sa volonté de faire de la résistance dès l'installation de l'armée allemande dans la ville de Bordeaux.

              En janvier 1941, elle intègre officiellement le réseau de résistance gaulliste CND (Confrérie Notre Dame-Castille), dirigé par le colonel Rémy (alias Gilbert Renault 1904-1984) un des plus importants de la zone occupée dont les informations ont permis de nombreux succès militaires.

              Jusqu'à son arrestation, elle participe à la lutte comme agent de liaison chargé de convoyer des messages de Bordeaux vers la frontière espagnole ou la zone libre. Elle a pu, grâce à ses travaux de laboratoires, obtenir un « laissez passer » permanent lui permettant de faire, toutes les semaines, le trajet Bordeaux-Périgueux. À plusieurs reprises et au risque de se faire arrêter lors des fouilles, elle franchit la ligne de démarcation à Montpon sans jamais être inquiétée. Elle prend soin de cacher les messages qu’elle transporte dans une boîte de poudre à récurer. C’est ainsi qu’elle dépose, à Sainte-Foy-La Grande, le courrier destinés à Louis de La Bardonnie, châtelain de Saint-Antoine-de-Breuilh qui, par radio, faisait parvenir à Londres l'ensemble de ces informations.

  L’arrestation et la mort en déportation

             Dénoncée par un membre de son groupe, elle est arrêtée à Bordeaux par la Gestapo en pleine nuit le 10 juin 1942. Elle est alors conduite au fort du Hâ où les nazis enferment les opposants et les résistants bordelais. Malgré la torture elle refuse de livrer ses compagnons. Les autorités d'occupation la transfèrent à Paris où elle est internée à la prison de la Santé du 14 juin au 12 octobre 1942.  Elle a pour voisine de cellule Marie Claude Vaillant-Couturier. Transférée à Fresnes du 13 octobre 1942 au 15 janvier 1943, puis au fort de Romainville, elle est déportée, par le convoi du 23 janvier 1943, à Auschwitz Birkenau où elle est enregistrée sous le numéro 31833 F.

              La date de son décès demeure incertaine. Atteinte de dysenterie dès son arrivée, il semble qu'elle soit morte d'épuisement au cours de l'un de ces interminables appels qui rythmaient la vie du camp, en février 1943. Elle allait avoir 30 ans en juillet.

  Mémoire

            Après la guerre, la sous-lieutenante Laure Gatet est faite chevalier de la légion d'honneur à titre posthume par un décret signé le 10 novembre 1955 par le Président René Coty. Les citations comportent l’attribution de la croix de guerre avec palme et celle de la médaille de la résistance.

             Très tôt, son ancien lycée de Périgueux commémore son sacrifice. Le 10 juillet 1947, une plaque commémorative est dévoilée pour la première fois dans le hall de son ancien établissement scolaire de Périgueux en présence de ses parents et des élèves de l’établissement. Vingt ans plus tard, le 1er février 1967, le conseil d’administration du lycée, sur proposition du président de l’association des parents d’élèves, adopte le nom de « Laure Gatet ». Le 11 juin 1969, un arrêté du Préfet de la Dordogne autorise officiellement le lycée d’état de jeunes filles de Périgueux à porter le nom de « Lycée Laure Gatet ».

             En 1983, une équipe d’élèves et de professeurs réalisent, à partir d’archives et de témoignages, une plaquette commémorative sur Laure Gatet qui est suivie dix ans plus tard, en mai 1993, d’une exposition présentée à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa mort tragique, en présence de son frère, Pierre Gatet (1915-2009) et de ses anciennes camarades de classe.

             Aujourd’hui le souvenir, l’engagement et le sacrifice de Laure Gatet sont à jamais associé à trois lieux de mémoire qui ont marqué son histoire personnelle :

  •             Boussac, où elle est née, il y a presqu’un siècle et où se trouve une plaque commémorative près de sa maison natale ;
  •             Périgueux où elle a suivi une grande partie de sa scolarité et où son ancien lycée a choisi, il y a 40 ans, de désormais porter son nom ;
  •             Enfin Bordeaux, où une rue rappelle son existence et où son destin a basculé, cette nuit du 10 juin 1942.

             Pour prolonger cette présentation, vous pouvez visiter le site "Laure Gatet, le destin brisé d'une jeune fille engagée" : http://lauregatetcentenaire.jimdo.com/